(Torkham) Des camions transportant des denrées alimentaires et des produits pharmaceutiques ont pu samedi de nouveau franchir un poste-frontière clé entre le Pakistan et l’Afghanistan, qui avait été fermé il y a près d’une semaine par les autorités talibanes.

Torkham, principal poste-frontière entre les deux pays situé à 170 km de chaque capitale, a rouvert samedi matin, ont indiqué des responsables des deux pays.

« Le poste frontalier a été complètement rouvert aujourd’hui à 6 h (20 h 30 heure de l’Est) », a déclaré Muslim Khaksar, un responsable des douanes afghanes au poste-frontière.  

« La procédure d’immigration et les échanges commerciaux sont revenus à la normale », a également confirmé côté pakistanais Irshad Mohammad, un haut fonctionnaire du district de Khyber.  

« Des camions transportant du riz, du ciment, des matériaux de construction, des médicaments et d’autres denrées alimentaires ont été envoyés en Afghanistan », a également précisé un responsable des douanes pakistanaises sous couvert d’anonymat.  

Quelque 1400 camions du côté pakistanais attendent toujours de pouvoir entrer en Afghanistan, a-t-il ajouté dans la matinée.

Ce sont des centaines de personnes des deux pays qui ont franchi tout au long de la journée le poste-frontière, a constaté un correspondant de l’AFP.

Le point de passage de Torkham avait été fermé dimanche soir par les autorités afghanes après que les autorités pakistanaises eurent imposé de nouvelles règles aux personnes accompagnant des malades.  

Puis lundi matin, une fusillade avait éclaté entre les gardes-frontières des deux parties, chacune accusant l’autre d’avoir déclenché la violence.  

« J’ai été bloqué ici pendant plus de cinq jours avec ma mère malade », a témoigné auprès de l’AFP Haroon, un habitant de la ville afghane de Kunduz.  

« Il y a des milliers de patients comme ma mère qui attendent d’aller se faire soigner au Pakistan », a souligné cet Afghan.

Samedi, plusieurs patients en fauteuils roulants, escortés par leurs accompagnateurs, étaient rassemblés pendant que des gardes-frontières des deux pays vérifiaient leurs documents.

Les accompagnateurs ont été autorisés à entrer au Pakistan après avoir présenté leur carte d’identité afghane, a déclaré le responsable des douanes pakistanaises.

Les relations entre les deux pays sont tendues et de fréquentes échauffourées ont lieu le long de la frontière.

Islamabad accuse notamment Kaboul – qui nie – de laisser opérer depuis le territoire afghan les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), lesquels ont multiplié les attentats ces derniers mois au Pakistan.

Fin janvier, un kamikaze a tué plus de 80 policiers dans une mosquée de Peshawar, la capitale provinciale du nord-ouest du pays. Puis, le 17 février, un groupe de kamikazes a pris d’assaut un quartier général de la police dans la ville portuaire de Karachi, dans le sud du pays, faisant cinq morts.  

Ces deux attentats sont liés aux talibans pakistanais, qui entretiennent des liens étroits avec les talibans afghans.

Par ailleurs, les deux pays traversent une grave crise économique, l’Afghanistan souffrant d’une baisse de l’aide après la fin de l’occupation soutenue par les États-Unis, et le Pakistan étant paralysé par une récession et une crise des changes qui l’ont mis au bord de la faillite.