(Islamabad) L’électricité est revenue mardi au Pakistan, un jour après une gigantesque panne survenue dans une grande partie de ce pays de 220 millions d’habitants, qui s’est traduite par des dizaines de millions d’euros de pertes pour l’industrie.

La coupure avait débuté lundi autour de 7 h 30 locales (21 h 30 heure de l’Est), affectant presque l’ensemble du pays et ses plus grandes villes. La défaillance est liée à une mesure de réduction des coûts prise dans un contexte de crise économique.

Le courant a été rétabli progressivement par zones et était à nouveau disponible partout dans le pays vers 5 h 15 locales mardi, a annoncé le ministre de l’Énergie, Khurram Dastgir Khan.

Mais les délestages seront fréquents lors des 48 prochaines heures, le temps de redémarrer toutes les centrales nucléaires et celles à charbon, a-t-il prévenu. L’industrie en sera cependant exemptée.

« Il y a besoin d’investir dans le secteur de l’énergie, en particulier pour améliorer le système de distribution, qui a longtemps été négligé », a reconnu le ministre lors d’une conférence de presse à Islamabad.

Le premier ministre, Shehbaz Sharif, a présenté ses « sincères regrets pour le désagrément » causé aux Pakistanais. Une enquête a été ouverte et « les responsabilités seront déterminées », a-t-il déclaré sur Twitter.

L’électricité est revenue dans la nuit dans les grands centres urbains, dont les mégapoles de Karachi et Lahore.

Le secrétaire général de l’Association des usines textiles, Shahid Sattar, a estimé à 70 millions de dollars (64 millions d’euros) les pertes dans ce secteur essentiel, qui représente environ 60 % des exportations pakistanaises.

« Énormes pertes »

Près de 90 % des usines textiles du pays ont dû fermer lundi en raison de la coupure de courant, a-t-il indiqué à l’AFP.

« À chaque fois qu’il y a une panne de courant, l’usine doit être redémarrée à zéro, ce qui prend beaucoup de temps et d’énergie », a-t-il expliqué.

« On ne peut pas reprendre où on s’est arrêté. Tous ces fils qui sont en train d’être teints ou traités, etc., on ne peut plus les réutiliser. Cela provoque d’énormes pertes. »

L’économie pakistanaise est déjà chancelante avec une inflation galopante, une devise nationale - la roupie - en chute libre et des réserves de change au plus bas. Une telle coupure d’électricité ne fait qu’accroître la pression sur les petits commerces.

Le système électrique du pays est un réseau complexe et fragile où les dysfonctionnements peuvent rapidement se multiplier, et les coupures de courant sont un problème récurrent.  

Selon M. Khan, la panne a été causée par une variation de la fréquence électrique sur le réseau national, au redémarrage lundi matin des unités de production électrique temporairement éteintes la nuit en hiver pour économiser du carburant.

La plupart des hôpitaux, industries et institutions gouvernementales sont équipés de générateurs. Mais les ménages et petits commerces n’ont souvent pas les moyens de s’offrir un tel équipement.

« Assis là, à ne rien faire »

À Karachi, des centaines de pompes à eau n’ont pas pu fonctionner pendant la coupure d’électricité, ce qui a accentué les difficultés du secteur de la distribution d’eau, déjà très fragile dans la plus grande ville du Pakistan (15 millions d’habitants).

Dans les écoles, les cours ont souvent eu lieu dans la pénombre, pour celles ne disposant pas d’éclairage sur batterie.

À Karachi (sud), Khurrum Khan, un imprimeur de 39 ans, a vu les commandes s’empiler, sans pouvoir y répondre.  

Les problèmes d’électricité sont « une malédiction permanente dont nos gouvernements n’ont pas réussi à se débarrasser », regrettait-il.

Les services de téléphonie mobile ont également été perturbés du fait de la panne, selon l’Autorité pakistanaise des télécommunications.

Une panne similaire en janvier 2021 avait plongé l’essentiel du pays dans le noir, après un dysfonctionnement technique dans le sud et le déclenchement d’une réaction en chaîne.