(Datu Odin Sinsuat) La tempête tropicale Nalgae, qui s’est abattue samedi sur les Philippines, menace désormais la capitale Manille après avoir fait au moins 45 morts à la suite d’inondations et de glissements de terrain dans l’archipel, selon un nouveau bilan revu à la baisse.

Nalgae a frappé samedi à l’aube la principale île des Philippines, Luzon, accompagnée de vents atteignant 95 km/h, une heure après avoir touché terre sur l’île faiblement habitée de Catanduanes.

Les fortes pluies ont commencé jeudi soir dans l’archipel, déclenchant de violentes crues. Les eaux ont alors envahi plusieurs villes et villages sur l’île méridionale de Mindanao, charriant arbres, pierres et boue sur leur passage. Quelque 500 maisons ont été détruites.

Un nouveau bilan revu à la baisse samedi a été établi à 40 morts sur Mindanao, et cinq morts dans le reste du pays.

Il y a au moins 17 disparus, et 20 000 personnes ont dû être évacuées de leurs habitations.

Sur l’île de Mindanao, les secouristes concentrent désormais leurs efforts sur Kusiong, un village d’une centaine d’habitants où 14 corps ont d’ores et déjà été sortis des décombres, mais où un grand nombre restent portés disparus.

Des engins de chantier travaillaient samedi à déblayer la coulée de pierre et de boue descendue d’une montagne avoisinante la veille.

« Cela aurait été moins douloureux si elle était morte de maladie », se lamentait une villageoise, Mercedes Mocadef, près de trois corps dont elle avait identifié l’un comme étant celui de la fille de son cousin.

La mère de la fillette a été portée disparue.

Manille menacée

« Ce pourrait être plus d’une centaine » de morts que la tempête a laissés derrière elle dans ce village, a dit à l’AFP Lester Sinsuat, le maire de la ville voisine de Datu Odin Sinsuat.

Le chef de l’antenne régionale de la Défense civile, Naguib Sinarimbo, a estimé qu’il s’agissait « d’ores et déjà d’une opération de récupération de corps, car le village a été enfoui sous la boue et les pierres pour longtemps ».

Le président des Philippines Ferdinand Marcos Jr s’en est pris à la défense civile et aux responsables locaux lors d’une réunion télévisée samedi.

« Il sera important pour nous de regarder en arrière et de voir pourquoi cela s’est produit. Pourquoi n’avons-nous pas réussi à les évacuer ? Pourquoi le nombre de victimes est-il si élevé ? », a demandé le président.

A Leyte, une île du centre des Philippines, les secouristes ont même utilisé un frigo en guise d’embarcation pour sauver des enfants bloqués par les flots, comme en témoignent des photos publiées par les gardes-côtes.  

Mais Nalgae pourrait aussi toucher la capitale Manille, a prévenu le service météorologique philippin.

« Des inondations généralisées et des glissements de terrain provoqués par la pluie » sont attendus dans la capitale de 13 millions de personnes, précise le bulletin.

De plus en plus puissants

« Sur la base de nos projections, cette tempête est très forte et nous nous y sommes préparés », a déclaré le chef de la Défense civile Rafaelito Alejandro, affirmant que 5000 équipes de secouristes se tenaient prêtes à intervenir.  

Les habitants vivant sur ou à proximité de la trajectoire de la tempête sont priés de rester chez eux.  

La tempête a frappé au début d’un long week-end férié aux Philippines, où des millions de personnes retournent dans leur ville natale pour se recueillir sur les tombes de leurs proches.

Or les garde-côtes ont suspendu les services de ferry dans une grande partie de l’archipel où des dizaines de milliers de personnes montent à bord de bateaux chaque jour.  

Et 100 vols ont été mis en attente, a fait savoir le bureau de l’aviation civile.  

En moyenne, 20 typhons et tempêtes frappent les Philippines chaque année, tuant habitants et bétail sur leur passage, et ravageant fermes, maisons, routes et ponts, même si le sud est rarement touché.  

À mesure que la planète est touchée par le réchauffement climatique, les tempêtes et typhons deviennent de plus en plus puissants, avertissent les scientifiques.

Fin septembre, le typhon Noru a fait au moins 10 morts aux Philippines, dont cinq secouristes. La tempête tropicale Megi, qui s’est abattue sur le pays en avril, a fait au moins 148 morts et provoqué de gigantesques glissements de terrain.