(Bangkok) Amnistie internationale accuse mercredi la junte birmane de commettre des crimes de guerre en posant des mines antipersonnel « de façon massive » dans des villages de l’État de Kayah (est), plongé dans la violence depuis le putsch de février 2021.

L’ONG de défense des droits de l’homme dénonce un usage « ignoble et cruel » de ces engins explosifs bannis par la convention d’Ottawa, ratifiée en 1997 par plus de 160 pays, mais pas la Birmanie.

Au moins 20 villages de cette région frontalière de la Thaïlande sont concernés, ainsi qu’un axe routier important, une église, ou des chemins menant aux champs de riz.

« Les soldats ont placé des mines terrestres dans la cour d’habitations et à l’entrée des maisons et des sanitaires extérieurs », détaille le rapport, conclusion d’une étude de terrain menée du 25 juin au 8 juillet.

« Les mines terrestres placées par l’armée ont tué et gravement blessé des civils et l’utilisation de ces dispositifs a de graves conséquences à long terme, notamment parce qu’elle empêche les personnes déplacées de retourner chez elles et de travailler sur leurs terres », assure Amnistie internationale, sans donner un nombre de victimes.

« L’utilisation par l’armée de mines terrestres a considérablement augmenté ces derniers mois, en particulier dans le contexte de leur retrait de certaines zones », poursuit l’organisation.

Depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a renversé l’ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyu, des régions de la Birmanie sont ravagées par les combats opposant l’armée au pouvoir à des milices locales soutenues par certaines factions ethniques rebelles.

La junte, régulièrement accusée d’atrocités, poursuit une répression sanglante contre ses opposants avec plus de 2000 civils tués et plus de 15 000 arrêtés, selon une ONG locale, l’ONU dénonçant de « probables crimes de guerre et crimes contre l’humanité ».

En 2017, plus de 740 000 réfugiés de la minorité musulmane rohingya ont trouvé refuge dans des camps de fortune au Bangladesh, fuyant les exactions des militaires, des violences à grande échelle qualifiées en mars de « génocide » par les États-Unis.

Les mines antipersonnel, les « restes explosifs de guerre » et les « mines improvisées » ont tué en moyenne 19 personnes chaque jour en 2020, 80 % des victimes étant des civils, selon le dernier pointage de l’Observatoire des mines.

Le nombre de victimes en 2020 a bondi de 21 %, en raison du ralentissement des efforts de déminage causé par la pandémie de COVID-19, selon cette organisation.