(Rangoun) Les corps de 14 personnes ont été retrouvés échoués sur une plage en Birmanie, a déclaré lundi à l’AFP un responsable de la police locale, un sauveteur soulignant que certaines étaient des membres de la minorité Rohingya qui avaient voulu quitter le pays par bateau.

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), au moins 17 personnes pourraient avoir péri après le naufrage de leur embarcation.

« 14 cadavres ont été retrouvés et 35 personnes, dont les propriétaires du bateau, ont été secourues », a dit le lieutenant-colonel Tun Shwe, le porte-parole de la police du district de Pathein, à environ 200 km à l’ouest de Rangoun (sud).

Un sauveteur de la Myanmar Rescue Organization, ayant requis l’anonymat, a précisé que huit cadavres avaient été découverts dimanche et que tous étaient ceux de Rohingya ayant tenté de se rendre en Malaisie.

Selon un militant de cette minorité musulmane contacté par l’AFP, les 14 victimes sont 12 femmes et deux garçons.  

Le bateau transportait des personnes originaires des villes de Buthidaung, Maungdaw et Sittwe, dans l’État de Rakhine, où vit l’essentiel de la minorité rohingya, a-t-il ajouté, refusant d’être identifié.

Selon les survivants, 61 personnes se trouvaient à bord du navire, a dit à l’AFP le membre du groupe de sauvetage, 12 personnes étant toujours portées disparues.  

Le HCR a expliqué que le bateau avait quitté Sittwe (ouest) le 19 mai et affronté des eaux agitées, avant de chavirer deux jours plus tard.

Les personnes qui ont été sauvées sont détenues au poste de police de Pathein, a déclaré le porte-parole de la police Tun Shwe.  

Il n’a pas précisé si certaines d’entre elles seraient inculpées, comme c’est parfois le cas pour les Rohingyas surpris en train de fuir la Birmanie.

Des centaines de milliers de Rohingyas, membres d’une communauté ayant immigré en Birmanie il y a plusieurs générations, ont fui depuis 2017 ce pays, dont la population est en majorité bouddhiste, après une répression brutale de l’armée qui a perpétré des massacres et des viols, selon les témoignages de réfugiés.

Des voyages périlleux

« Cette dernière tragédie montre une fois encore le sentiment de désespoir ressenti par les Rohingyas en Birmanie et dans la région », a estimé Indrika Ratwatte, le responsable du HCR pour la région Asie-Pacifique.

Les Rohingyas qui se trouvent encore sur le territoire birman sont largement considérés comme des étrangers arrivés du Bangladesh, se voyant refuser citoyenneté, droits et accès aux services.

Le chef de la junte de la Birmanie, Min Aung Hlaing, qui était à la tête des forces armées pendant la répression de 2017, a qualifié le terme de Rohingya d’« imaginaire ».

En mars dernier, les États-Unis ont officiellement déclaré que les violences commises par l’armée birmane à l’encontre des Rohingyas constituaient un génocide, affirmant qu’il existait des preuves évidentes d’une tentative de « destruction » de cette minorité musulmane.

Chaque année, des centaines de Rohingyas entreprennent des voyages périlleux de plusieurs mois par la mer vers d’autres États de l’Asie du Sud-Est.

La Malaisie, un pays relativement riche, est généralement leur destination privilégiée, mais certains finissent aussi par rejoindre l’Indonésie.

Nombre d’entre eux arrivent par bateau après avoir enduré des mois de voyage éprouvants en mer.  

Ceux qui sont alors arrêtés sont souvent envoyés dans des centres de détention, qui, selon les groupes de défense des droits, sont généralement surpeuplés et sales.

Le mois dernier, des centaines de migrants rohingya se sont échappés d’un centre de détention en Malaisie après une émeute.