(Hong Kong) Le gouvernement de Hong Kong a autorisé en urgence jeudi les médecins et infirmières de Chine continentale à venir exercer sur son territoire, craignant de voir son système sanitaire débordé par « l’énorme augmentation des nouveaux cas de COVID-19 détectés chaque jour ».

Hong Kong, dont le système juridique est distinct de celui de Chine continentale, a adopté « un cadre légal » pour que le gouvernement central chinois lui « apporte le soutien d’urgence nécessaire […] de façon plus efficace et rapide », a indiqué le gouvernement de la ville dans un communiqué.

Les médecins de la Chine continentale ne sont actuellement pas autorisés à exercer à Hong Kong sans passer des examens locaux et sans être titulaires d’une licence.

Le territoire théoriquement semi-autonome est confronté à une vague de coronavirus sans précédent, enregistrant des milliers de cas chaque jour.  

Les hôpitaux sont submergés, les autorités exigeant que tous les patients même asymptomatiques soient placés à l’isolement dans des unités dédiées. Des équipes venues de Chine continentale sont actuellement en train de bâtir deux nouveaux centres d’isolement provisoires qui pourront accueillir 9500 personnes contaminées, et le gouvernement a également réquisitionné 20 000 lits d’hôtel à cette fin.

À l’image de la Chine continentale, Hong Kong, une des villes les plus densément peuplées au monde, a adopté une stratégie « zéro-COVID-19 » extrêmement stricte, grâce à laquelle elle a été largement été épargnée par la pandémie durant deux ans.

Mais les autorités hongkongaises ont été prises au dépourvu avec l’arrivée fin décembre du variant hautement contagieux Omicron.

« Hong Kong est désormais confronté à une situation épidémique très grave qui continue de se détériorer rapidement », a déclaré le gouvernement dans son communiqué en annonçant avoir recours aux pouvoirs exceptionnels.  

Les pouvoirs d’exception « exemptent certaines personnes ou certains projets de toutes les exigences légales pertinentes » pour agir « afin d’augmenter la capacité de contrôle de l’épidémie à Hong Kong et contenir la cinquième vague dans un laps de temps court », selon le communiqué.

Cette annonce intervient une semaine après que le président chinois Xi Jinping a exhorté Hong Kong à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour contrôler l’épidémie, soulignant que la ville ne pouvait pas envisager de vivre avec le virus comme la majeure partie de la planète.  

Soignants « épuisés »

Autoriser les médecins de Chine continentale à travailler à Hong Kong fait l’objet d’un débat depuis des années.  

Avant la pandémie, les partisans de cette possibilité avaient fait valoir que cela pourrait atténuer les pénuries du système de santé de la ville, déjà surchargé.  

Les médecins locaux s’y sont opposés en invoquant des problèmes tels que la langue et les barrières culturelles. Ils avaient été accusés de faire preuve de protectionnisme.  

Hong Kong a enregistré plus de 62 000 cas de COVID-19 depuis le début de cette nouvelle vague, contre seulement 12 000 au cours des deux années précédentes.  

Les experts médicaux redoutent que le nombre réel de personnes contaminées soit bien plus élevé.  

Les laboratoires d’analyses sont surchargés par le nombre de personnes se faisant tester et de nombreux habitants évitent de se faire dépister par crainte d’être placés à l’isolement.  

Selon l’administration hospitalière, environ 1200 soignants ont été contaminés depuis le début.  

Le président de l’autorité hospitalière, Henry Fan, a dit lundi espérer l’envoi de médecins et infirmiers chinois, car les soignants sont « épuisés ».

Hong Kong a annoncé que ses 7,4 millions d’habitants devront se soumettre en mars à trois séries de tests de dépistage du coronavirus.  

Selon les projections, la ville pourrait enregistrer jusqu’à 180 000 contaminations et 100 décès quotidiens d’ici la mi-mars.