(Séoul) La Corée du Nord a menacé jeudi d’une possible reprise de ses essais de missiles nucléaires et balistiques à longue portée, lors d’une réunion du bureau politique sous la direction de Kim Jong-un qui se prépare à « une confrontation de longue haleine » avec les États-Unis.

Pyongyang n’a procédé à aucun essai nucléaire de missiles balistiques à longue portée depuis 2017, privilégiant le dialogue avec les États-Unis, Kim Jong-un rencontrant notamment à trois reprises le président américain Donald Trump.

Depuis l’échec en 2019 du sommet à Hanoï entre les deux dirigeants, les négociations sont au point mort. La Corée du Nord, dotée de l’arme nucléaire, a rejeté toutes les offres de pourparlers tout en renouant avec les essais, notamment de missiles hypersoniques.  

Les États-Unis ont imposé la semaine dernière de nouvelles sanctions à Pyongyang qui a procédé depuis début janvier 2022 à plusieurs lancements, dont deux missiles tactiques guidés.  

« La politique hostile et la menace militaire des États-Unis ont atteint un seuil dangereux qui ne peut plus être ignoré », a rapporté jeudi l’agence officielle nord-coréenne KCNA en guise d’explication.

Pour cette raison, la réunion du bureau politique du comité central du Parti des travailleurs « a ordonné […] d’examiner rapidement la question d’une reprise » de toutes les activités qui font l’objet d’un moratoire.

Cette possible reprise des essais nucléaires et balistiques survient à un moment délicat pour la région avec une élection présidentielle prévue pour mars en Corée du Sud, et la Chine, seul allié majeur de la Corée du Nord, se prépare à accueillir les Jeux olympiques d’hiver en février.

Depuis l’investiture il y a un an du président Joe Biden, Pyongyang a rejeté les différentes propositions de dialogue faites par l’administration américaine et a décidé de passer à autre chose, estime Hong Min de l’Institut coréen pour l’unification nationale à Séoul.

« Petit homme fusée »

« Nous sommes presque à nouveau en 2017 », a-t-il déclaré, faisant référence à l’année au cours de laquelle Pyongyang a testé des armes nucléaires et des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), à l’époque où le président américain qualifiait M. Kim « petit homme fusée » tandis que ce dernier traitait Donald Trump de « malade mental gâteux ».  

« Après cette annonce, il semble inévitable que Pyongyang procède à des lancements d’ICBM dans un avenir proche », a-t-il déclaré.  

Ankit Panda, du Carnegie Endowment pour la Paix internationale à Washington, estime que si des essais nucléaires semblent peu probables, « les essais de missiles à longue portée seront de retour ».

Kim Jong-un « réitère le message qu’il avait envoyé fin 2019 : l’attitude américaine ne lui donne aucune raison d’adhérer au moratoire qu’il s’est imposé » en 2018, analyse l’expert. « La dernière série de sanctions semble malheureusement avoir précipité cette étape ».  

Rachel Minyoung Lee du groupe de réflexion Stimson Center estime toutefois que « Pyongyang pourrait laisser une certaine marge de manœuvre, en fonction de la réaction de l’administration Biden ».

En début de semaine, les États-Unis avaient appelé la Corée du Nord à cesser « ses activités illégales et déstabilisatrices » tout en exigeant de nouvelles sanctions de l’ONU contre Pyongyang.

Le représentant spécial de la Chine pour la péninsule coréenne a jeté un coup de froid à cette demande.

« Le Conseil de sécurité (de l’ONU) n’a pas l’intention de discuter du prétendu projet de résolution concernant des sanctions à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée », a écrit Liu Xiaoming sur Twitter.  

Le régime nord-coréen entend plus que jamais renforcer ses capacités militaires à l’aune de la forte crise économique que traverse le pays, aggravée par les sanctions internationales et la stricte fermeture de ses frontières depuis 2020 pour se protéger de la COVID-19.

Dernièrement, il a cependant repris ses échanges commerciaux avec la Chine. Le week-end dernier, un train de marchandises en provenance de Corée du Nord est arrivé dans la ville frontalière chinoise de Dandong pour la première fois depuis début 2020.