(Rangoun) Des centaines de moines ont fui leur monastère dans l’est de la Birmanie pour échapper à d’intenses combats entre l’armée et des groupes rebelles antijunte, ont rapporté dimanche des témoins à l’AFP.  

À Loikaw, dans l’État de Kayah, une trentaine de monastères ont été abandonnés, leurs occupants quittant la ville à bord de dizaines de camions, a raconté l’un d’eux à l’AFP sous couvert d’anonymat.

De nombreux moines ont aussi fui l’agglomération de Demoso, distante de quelques kilomètres, a-t-il ajouté.

Ces deux villes, situées à 200 kilomètres à l’est de la capitale Naypyidaw, sont depuis plusieurs jours le théâtre d’intenses combats entre rebelles et forces armées. Ces dernières ont lancé des frappes aériennes et procédé à des tirs d’artillerie.

Les Nations unies estiment que la moitié de la population de Loikaw a été contrainte de partir et que près de 90 000 personnes de l’État de Kayah ont fui. Des médias locaux chiffrent, eux, à plus de 170 000 le nombre de déplacés.  

À Loikaw, des combattants rebelles ont investi des églises et des maisons abandonnées. Ils ont aussi forcé les portes d’une prison pour tenter d’inciter les détenus à les rejoindre, a indiqué un membre de la police locale.

La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a renversé Aung San Suu Kyi et mis fin à une décennie de transition démocratique.

Des groupes rebelles, souvent formés de citoyens, ont pris les armes contre la junte et les combats se sont intensifiés dans l’est du pays depuis la fin de la mousson et l’arrivée de la saison sèche.

La veille de Noël, dans l’État de Kayah, au moins 35 personnes ont été tuées, leurs corps brûlés, un massacre imputé aux militaires.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur la Birmanie, Tom Andrews, a exhorté le chef de la junte, Min Aung Hlaing, à « mettre fin aux attaques aériennes et terrestres » lancées contre Loikaw et à « laisser passer l’aide humanitaire ».  

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Le général Min Aung Hlaing

Depuis le coup d’État, la communauté internationale n’a pas beaucoup de marge de manœuvre pour tenter de résoudre la crise. La junte fait la sourde oreille aux appels de l’ONU et de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  

Et, alors que la situation sanitaire et humanitaire est critique, les militaires bloquent l’acheminement de l’aide et des fournitures médicales dans les régions où la résistance est forte, selon l’ONG Human Rights Watch.

Plus de 1400 civils ont été tués par les forces de sécurité depuis le putsch et plus de 11 000 ont été arrêtés, d’après une ONG locale.