(Séoul) Le leader nord-coréen Kim Jong-un a personnellement supervisé l’essai réussi d’un missile hypersonique, ont affirmé mercredi les médias d’État, avant d’appeler son pays à renforcer l’arsenal stratégique militaire de son pays.

Des photos publiées par des médias officiels montrent le dirigeant, équipé de jumelles et entouré d’hommes en uniforme militaire, en train d’observer ce tir de missile, le second en moins d’une semaine.

Les missiles hypersoniques font partie des « premières priorités » du plan quinquennal de la Corée du Nord, avaient annoncé l’an dernier les médias d’État.

À l’issue de ce tir, le dirigeant a exhorté son pays à « accélérer ses efforts pour renforcer progressivement son arsenal stratégique militaire autant en qualité qu’en quantité et à poursuivre la modernisation de son armée », selon l’agence de presse officielle KCNA.

Cet essai a eu lieu au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies se réunissait à propos de l’essai, la semaine dernière, de ce que Pyongyang a présenté comme un missile hypersonique.

Le département d’État américain a condamné le tir de mardi, affirmant qu’il constitue une « menace… pour la communauté internationale ».

Il s’agit du troisième lancement par Pyongyang d’un missile hypersonique à vol plané, après celui de septembre 2021 et celui de la semaine dernière, alors que le pays cherche à ajouter cette arme sophistiquée à son arsenal.

Un « progrès » 

Le missile transportant une « ogive planante hypersonique » a touché une « cible en mer à 1000 km de distance », a déclaré KCNA, ajoutant que cet essai avait confirmé « l’excellente maniabilité de l’unité de combat hypersonique ».

La défense sud-coréenne a estimé que ce tir avait atteint une vitesse hypersonique et attestait d’un « progrès » par rapport à celui de la semaine dernière.

Le projectile a parcouru environ 700 kilomètres à une altitude d’environ 60 kilomètres et à une vitesse de Mach 10, selon l’état-major interarmées de Corée du Sud.

Les missiles hypersoniques atteignent généralement Mach 5, soit cinq fois la vitesse du son, voire plus.

Ils sont plus rapides et plus maniables que les missiles standard, ce qui les rend plus difficiles à intercepter pour les systèmes de défense, pour lesquels les États-Unis dépensent des milliards de dollars.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un il y a dix ans, la Corée du Nord a fait progresser rapidement sa technologie militaire.  

 « La présence de Kim Jong-un à l’essai laisse penser que le missile hypersonique a atteint un niveau d’achèvement satisfaisant », a déclaré Lim Eul-chul, professeur d’études nord-coréennes à l’université Kyungnam de Séoul.

  «Pas prête »

La Russie, les États-Unis et la Chine ont également déclaré avoir testé avec succès des véhicules planeurs hypersoniques, une technologie dont la Russie est généralement considérée comme le leader mondial.

  «Tout dans cet essai nous rappelle que la Corée du Nord est engagée dans une nouvelle campagne de modernisation militaire », a déclaré mercredi sur Twitter Ankit Panda, du Carnegie Endowment for International Peace à Washington.

Mais les analystes ont mis en doute les progrès de la Corée du Nord.

 « Il est plus exact de la décrire comme un véhicule de rentrée de manœuvre » que comme une arme hypersonique, a estimé M. Panda.

 « L’arme dite hypersonique n’est pas technologiquement prête à être déployée » par la Corée du Nord, a également estimé Leif-Eric Easley, professeur à l’université Ewha de Séoul, tout en reconnaissant que « la capacité de Pyongyang à menacer ses voisins continue néanmoins de croître ».

La présence de M. Kim est cependant la preuve que la Corée du Nord est satisfaite des progrès réalisés, selon Lim Eul-chul, professeur d’études nord-coréennes à l’université Kyungnam de Séoul.

L’essai de mardi intervient alors que Pyongyang a refusé de répondre aux appels américains à des pourparlers.

Le dialogue entre Pyongyang et Washington demeure dans l’impasse après l’échec en 2019 des pourparlers entre Kim Jong-un et le président américain de l’époque Donald Trump.

Le gouvernement de l’actuel président Joe Biden a affiché à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer des émissaires nord-coréens et de viser la dénucléarisation, mais Pyongyang a rejeté l’offre, accusant les États-Unis de mener une politique « hostile ».

La Corée du Nord fait l’objet de sanctions internationales pour ses programmes d’armement interdits. La pression sur son économie en grande difficulté a été renforcée par la stricte fermeture des frontières ordonnée pour lutter contre la pandémie de coronavirus.