(Nations unies) L’émissaire de l’ONU pour la Birmanie, la Suissesse Christine Schraner Burgener, a déploré jeudi une détérioration continue de la situation dans ce pays et critiqué le refus de la junte d’entamer un dialogue international, à quelques jours de la fin de sa mission onusienne.

« La situation générale en Birmanie continue de se détériorer fortement », a-t-elle relevé lors d’une conférence de presse au siège des Nations unies à New York. « Le conflit s’intensifie dans de nombreuses régions du pays et la répression de l’armée a fait plus de 1180 morts », a-t-elle précisé.

Selon elle, l’armée birmane « utilise une série de tactiques contre les populations civiles, notamment en incendiant des villages, en pillant des propriétés, en procédant à des arrestations massives, en ayant recours à la torture et l’exécution de prisonniers, à des violences sexistes et des tirs d’artillerie indiscriminés dans des zones résidentielles ».

Christine Schraner Burgener a aussi rapporté qu’environ 4000 militaires avaient fait défection depuis le coup d’État du 1er février, tout en précisant ne pas être en mesure de vérifier ce chiffre.

L’émissaire a indiqué que sa dernière rencontre hors de Birmanie avec la junte remontait à juillet et qu’elle avait alors proposé les modalités d’un dialogue.

« Je n’ai pas eu de réponse », a-t-elle précisé, en relevant que l’émissaire nommé en août par l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) après des mois de négociations, le vice-ministre des Affaires étrangères de Brunei, Erywan Yusof, en était au même point qu’elle, incapable de se rendre en Birmanie.

Erywan Yusof a demandé à rencontrer l’ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyi, mais la junte continue de refuser une visite incluant cette rencontre, comme elle l’avait aussi signifié à l’émissaire de l’ONU.

Sans autre précision, Christine Schraner Burgener a réclamé au Conseil de sécurité d’en faire beaucoup plus pour « protéger la volonté du peuple » birman.

Peu après son coup d’État du 1er février, la junte birmane avait promis d’organiser des élections et de lever l’état d’urgence en 2023.

Après trois ans et demi comme émissaire de l’ONU, Christine Schraner Burgener quittera ses fonctions en fin de semaine prochaine pour rejoindre le gouvernement helvétique, une nomination officialisée en début d’année.

Selon des sources diplomatiques, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres devrait prochainement nommer la Singapourienne Noeleen Heyzer pour la remplacer en tant qu’émissaire pour la Birmanie. Âgée de 73 ans, cette sociologue a déjà occupé des postes de responsabilité aux Nations unies.