(Budapest) Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a accusé mardi les États-Unis de vouloir forcer les pays d’Asie Centrale, alliés de la Russie, à accueillir des Afghans fuyant les talibans.  

Lors d’une visite en Hongrie, M. Lavrov a critiqué les « actions insistantes et obstinées de Washington visant à convaincre un certain nombre de pays d’Asie centrale et d’autres régions d’accueillir des citoyens afghans qui coopéraient avec les États-Unis et les États membres de l’OTAN ».

« Ils disent que ce n’est que pour deux ou trois mois avant qu’ils ne les accueillent, qu’ils ont juste besoin de temps pour leur délivrer des visas », a-t-il ajouté.

« Les Afghans ayant travaillé avec les forces américaines ont probablement subi des contrôles de sécurité scrupuleux. Pourquoi avez-vous besoin de deux mois supplémentaires pour donner un visa à ces gens-là ? », a-t-il interrogé, accusant les États-Unis de manquer de respect aux pays d’Asie centrale.

Quelque 1500 Afghans ont réussi à rejoindre l’Ouzbékistan voisin après la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans et vivent désormais dans des tentes près de la frontière, selon l’ambassade afghane à Tachkent.

Dimanche, le président Vladimir Poutine s’est lui aussi plaint de ce que « nos partenaires occidentaux demandent avec insistance d’accueillir les réfugiés dans les pays d’Asie centrale jusqu’à ce qu’ils aient un visa pour les États-Unis ou pour d’autres pays ».

Le président russe avait appelé à empêcher l’afflux de réfugiés afghans.

Plusieurs ex-républiques soviétiques d’Asie centrale partagent une frontière avec l’Afghanistan et la Russie, dès lors des « combattants déguisés en réfugiés » pourraient atteindre le territoire russe, a estimé M. Poutine.

L’Ouzbékistan veut avant tout éviter l’émergence de groupes armés inspirés ou soutenus par les islamistes afghans, comme ce fut le cas à la fin des années 1990 et 2000.

Après les attentats du 11 septembre 2001, l’Ouzbékistan a un temps abrité des bases militaires de la coalition menée par les États-Unis et engagée en Afghanistan.

La Russie se montre quant à elle prudemment optimiste au sujet du nouveau pouvoir installé à Kaboul.

Mardi, le Kremlin a indiqué « suivre attentivement », les « désaccords » sur la possible extension de la date butoir du 31 août pour le retrait complet des troupes américaines d’Afghanistan.