(Pékin) La Chine a annoncé mardi le rappel de son ambassadeur en Lituanie après le feu vert du pays balte à l’ouverture d’une représentation de Taïwan, que Pékin considère comme une de ses provinces.

L’ouverture d’une représentation de Taïwan dans une capitale européenne est une première depuis 18 ans.

La décision de la Lituanie est d’autant plus provocatrice pour Pékin que la représentation portera le nom de « Bureau de représentation de Taïwan » et non « de Taipei », du nom de la capitale de l’île, comme il est de coutume.

Le territoire insulaire, qui dispose de sa monnaie, son drapeau, son armée, sa diplomatie et son gouvernement, est de facto séparé politiquement de la Chine populaire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Taïwan, qui compte 23 millions d’habitants et jouit d’un système politique démocratique, n’est toutefois formellement reconnu comme État que par une poignée de capitales. Pour sa part, Pékin considère l’île comme une partie de son territoire et s’oppose à tout échange officiel entre les autres États et les autorités locales qu’elle ne reconnaît pas.  

L’annonce en juillet de l’ouverture d’une représentation de Taïwan en Lituanie a été perçue à Pékin comme une provocation.

Mardi, le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé le rappel de son ambassadeur dans le pays balte, fustigeant une initiative qui « viole effrontément » les règles de base des relations diplomatiques entre la Chine et la Lituanie.  

Pékin a également ordonné à Vilnius de rappeler son ambassadrice en poste en Chine.  

La Lituanie a fait part de son « regret ».

« Tout en respectant le principe d’une seule Chine, (la Lituanie) est déterminée à développer des relations mutuellement bénéfiques avec Taïwan », a réagi dans un communiqué le ministère lituanien des Affaires étrangères.

« La Lituanie souhaite développer la coopération avec Taïwan dans de nombreux domaines d’intérêt commun », avait indiqué en juillet à l’AFP l’ambassadrice de Lituanie en Chine, Diana Mickeviciene.

La diplomate avait précisé que son pays ne reconnaissait pas pour autant l’indépendance de Taïwan.

La Lituanie, frontalière de la Russie, avait annoncé en mai qu’elle quittait le forum « 17 “1 » qui réunit la Chine et des pays d’Europe centrale et orientale, y voyant un facteur de division des Européens.

L’ancienne République soviétique s’est depuis engagée à fournir 20 000 vaccins anti-COVID-19 à Taïwan.

« Nous déplorons la décision chinoise […] C’est la première fois que la Chine rappelle son ambassadeur dans un État membre de l’UE en raison de l’ouverture ou du maintien d’un bureau de représentation » de Taïwan, a réagi mardi une porte-parole de la Commission européenne.

« Nous reconnaissons le gouvernement de (Pékin) comme le seul gouvernement de Chine, mais en même temps, nous avons un intérêt à développer des relations accrues avec Taïwan. L’UE maintient pour cette raison à Taipei un Bureau européen pour l’économie et le commerce », a-t-elle indiqué à l’AFP.

« Nous ne considérons pas l’ouverture d’un “bureau de représentation” de Taïwan (dans un pays de l’UE) ou à Taïwan (par une capitale européenne), par opposition à un consulat ou à une ambassade, comme une entorse à la politique européenne d’“une seule Chine” », a-t-elle insisté.