(Jakarta) L’Indonésie a dépassé lundi le cap des deux millions de cas de coronavirus alors que le pays d’Asie du Sud-Est voit une nouvelle vague de contaminations accélérer et que les hôpitaux sont proches de la saturation, laissant craindre une flambée incontrôlable de l’épidémie.  

Le nombre de nouveaux cas journaliers a doublé ces dernières semaines dans l’archipel où la présence du variant Delta apparu en Inde a été confirmée.  

Le pays a enregistré 14 536 cas de COVID-19 lundi, un nouveau record par rapport au précédent plus haut enregistré fin janvier. Au total, l’Indonésie affiche plus de 2 millions de cas et près de 55 000 morts pour près de 270 millions d’habitants.

Ces chiffres sont considérés comme largement sous-estimés et certains experts ont calculé que le nombre de cas officiels représentait environ 10 % des chiffres réels.

« Ce n’est que le début. Et selon la façon dont les choses sont gérées, nous pourrions avoir une explosion majeure comme en Inde », a noté Windhu Purnomo, un épidémiologiste de l’Université indonésienne Airlangga.

La nouvelle vague de contaminations a été mise sur le compte du voyage de millions d’Indonésiens dans le pays pour rejoindre leurs proches à la fin du ramadan, malgré l’interdiction de cette grande migration annuelle.

Dans la capitale Jakarta et dans les zones les plus affectées, le taux d’occupation des hôpitaux a dépassé 75 %, tandis que le nombre des enterrements est en forte hausse.

« C’est inquiétant », a résumé Rahmani, un habitant de Jakarta interrogé dans un cimetière où il a assisté aux funérailles d’un proche décédé de la COVID-19.

« En tant que bons citoyens nous devons suivre les instructions du gouvernement pour respecter les protocoles sanitaires », note-t-il. Mais les autorités ont toujours du mal à faire respecter le port du masque, la distanciation et à convaincre une partie des Indonésiens réticents à se faire vacciner.

L’Organisation mondiale de la Santé a appelé le gouvernement indonésien à renforcer les restrictions sanitaires dans son dernier rapport dédié à l’Indonésie la semaine dernière.  

patients plus jeunes

La capitale encourage les salariés à travailler à domicile et a réduit les heures d’ouverture des commerces, mais les autorités n’ont pas pris à ce stade de mesures strictes à l’échelle nationale.

L’association des médecins indonésiens a indiqué que les nouvelles formes du virus paraissaient plus toucher les jeunes.

« Précédemment, les patients de la COVID-19 étaient des personnes âgées et avec d’autres maladies », a noté la porte-parole de l’association Erlina Burhan.  

« Mais depuis que les variants du virus ont été détectés, beaucoup de patients sont plus jeunes » et sans facteurs de risques.

De nombreux cas d’infections parmi des soignants qui avaient été vaccinés ont suscité des interrogations sur l’efficacité du vaccin Sinovac produit en Chine, dont l’Indonésie est très dépendante pour sa campagne.  

L’Indonésie, qui veut vacciner plus de 180 millions d’adultes cette année, tente d’accélérer le rythme alors que seuls 7 % de la population ont reçu au moins une dose, selon les dernières données officielles.

Mais la désinformation sur le vaccin prolifère et provoque des hésitations chez beaucoup d’Indonésiens.

« Je suis convaincu que l’on ne doit pas réagir de façon excessive », remarque un habitant de la région de Jakarta, Rateka Winner Lee.  

« Ma femme et moi-même avons déjà eu la COVID-19, et donc nous sommes naturellement vaccinés », assure-t-il.