(New Delhi) Les hôpitaux de Delhi en manque d’oxygène lançaient des SOS vendredi quand 13 malades de la COVID-19 sont morts dans l’incendie d’un hôpital en banlieue de Bombay, un drame ajoutant à la catastrophe sanitaire qui accable l’Inde.

Au cours des dernières 24 heures, 330 000 nouvelles contaminations et 2000 décès ont été recensés.

Le système de santé indien vétuste souffre depuis longtemps d’un sous-financement et, face à cette deuxième vague épidémique aiguë, manque cruellement de médicaments et d’oxygène nécessaires aux malades les plus gravement atteints par la COVID-19.

Une enquête a été ouverte sur les causes d’un incendie, désormais éteint, qui s’est déclaré à environ 3 h (17 h 30, HE jeudi) dans un hôpital en banlieue de Bombay, a indiqué à l’AFP Morrison Khavari, un responsable des pompiers.  

PHOTO RAJANISH KAKADE, ASSOCIATED PRESS

Un homme inspecte les dégâts causés par un incendie à l’hôpital Vijay Vallabh de Virar, près de Bombay.

« Dix-sept patients étaient dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital Vijay Vallabh » selon le responsable, « 13 sont décédés et quatre autres ont été transférés dans d’autres établissements ».

Deux jours plus tôt, 22 malades de la COVID-19 sont morts dans un autre hôpital du même État du Maharashtra en raison d’une coupure d’alimentation en oxygène de leurs respirateurs pendant une demi-heure.

La COVID-19 a emporté jeudi soir Shravan Rathod, compositeur vedette de Bollywood des années 90, âgé de 66 ans, a annoncé son fils à l’agence de presse indienne PTI.

« Nation unie »

L’Inde a enregistré près de quatre millions de nouvelles contaminations sur ce seul mois d’avril, réduisant à néant les espoirs du début de l’année d’avoir peut-être surmonté le pire de la pandémie.  

Cette recrudescence exponentielle a été en partie imputée à la « double mutation » du virus et à des rassemblements de foule, tels que le long festival Kumbh Mela à Haridwar, dans l’État de l’Uttarakhand (nord), où environ 25 millions de pèlerins hindous, la plupart sans masque ni distanciation physique, affluent depuis janvier jusqu’à la fin du mois.  

Le premier ministre indien Narendra Modi a tenu vendredi une série de réunions de crise sur l’approvisionnement en oxygène et la disponibilité des médicaments essentiels.  

« Si nous travaillons comme une nation unie, il n’y aura pas de pénurie de ressources », a-t-il déclaré selon un communiqué du gouvernement, assurant un « effort continu pour augmenter l’approvisionnement en oxygène ».  

Nombre de régions ont renforcé les restrictions et tous les services non essentiels sont interdits dans le Maharashtra. L’État d’Uttar Pradesh, dans le nord du pays, où vivent 240 millions de personnes, sera confiné ce week-end, ainsi que le Karnataka dont la capitale Bangalore abrite la haute technologie indienne.

New Delhi est confinée jusqu’à lundi et reste parmi les zones les plus sévèrement frappées par la pandémie.

« SOS »

Les hôpitaux de la ville lancent des appels à l’aide quotidiens au gouvernement de l’État et au gouvernement national en raison de l’épuisement des réserves d’oxygène.

PHOTO NOAH SEELAM, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des travailleurs organisent des bouteilles d'oxygène médical qui seront transportées vers les hôpitaux dans un établissement près de Hyderabad.

« SOS-Moins d’une heure d’approvisionnement en oxygène au Max Smart Hospital et au Max Hospital Saket. Nous attendons les nouveaux approvisionnements promis par Inox depuis 1 heure du matin […] Plus de 700 patients admis ont besoin d’une assistance immédiate », a tweeté Max Healthcare, l’une des plus grandes chaînes d’hôpitaux privés, tôt vendredi matin.  

« Nous suspendons toute nouvelle admission de patients dans tous nos hôpitaux de la région de Delhi jusqu’à ce que l’approvisionnement en oxygène se stabilise », a-t-il ajouté peu après.

Au moins six hôpitaux ont manqué d’oxygène dans la capitale indienne dans la nuit de jeudi à vendredi, quand d’autres ne disposaient plus que quelques heures de stock.

Unités de production d’oxygène importées

« Vingt-cinq patients sont morts au cours des dernières 24 heures. Plus que deux heures d’oxygène […] Une crise majeure est probable. La vie de 60 autres patients est en danger, une intervention urgente est nécessaire », a averti le directeur médical de l’hôpital Sir Gangaram de New Delhi dans un communiqué.

Des camions-citernes d’oxygène médical approvisionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 différents États du pays et des avions cargo de l’armée de l’air ont commencé à livrer de gros camions-citernes d’oxygène là où ils manquaient.  

Le premier train « Oxygen Express » a quitté jeudi le centre industriel de Vizag, dans le sud du pays, en direction du Maharashtra, chargé de camions d’oxygène.  

Le ministère de la Défense a annoncé importer d’Allemagne 23 unités mobiles de production d’oxygène par avion d’ici une semaine.

Au total, l’Inde a recensé plus de 16 millions de contaminations et 187 000 décès, un bilan qui, per capita, reste nettement inférieur en Inde à celui de nombreux autres pays.