(Kuala Lumpur) La pandémie et son cortège de restrictions ont suscité une passion en Malaisie pour le caladium, plante aux larges feuilles et aux veinures colorées, chez les amateurs de jardinage avides de distractions.  

Les collectionneurs malaisiens et d’autres pays d’Asie du Sud-Est recherchent ces spécimens qui présentent une grande variété de couleurs – vert sombre, vert tendre, rouge, rose ou jaune – et les montrent fièrement sur les réseaux sociaux.  

« C’est comme regarder un tableau », explique à l’AFP Leiister Soon, un collectionneur de plantes, admirant un caladium à larges feuilles, appelé « oreille d’éléphant », dans sa maison de Kuala Lumpur.

« Prendre soin des plantes signifie que je peux détourner mon attention, c’est mieux que de regarder les chiffres de la COVID-19 monter ».

Ces plantes sont connues en malais, la langue locale, sous le nom de « keladi », mais les jardiniers malaisiens se sont aussi pris de passion pour d’autres variétés, comme les anthuriums, fleurs rouges au pistil jaune, ou les alocasias.

Ces plantes auparavant bon marché ont vu leur prix monter en flèche quand les Malaisiens ont été confinés chez eux à cause des restrictions sanitaires liées au coronavirus, et après que les collectionneurs ont commencé à partager à qui mieux mieux des photos de leurs plantes préférées sur les réseaux sociaux.

Les plantes les moins chères se vendent pour une vingtaine de ringgits (4 euros) mais les espèces les plus recherchées peuvent atteindre jusqu’à 6000 ringgits (1220 euros) le plant.

Leiister Soon avoue avoir dépensé plus de 20 000 ringgits (4000 euros) pour ses plantes l’an dernier.

« Pendant le confinement, les gens sont restés chez eux et ont réfléchi aux moyens de rendre leur intérieur plus beau », confirme à l’AFP Daud Kasim, propriétaire d’une pépinière à Sungai Besar, à quelque 100 kilomètres de la capitale malaisienne.

« Ils pouvaient en regardant ces plantes diminuer leur stress ».

Grand collectionneur lui-même, Daud Kasim explique avoir commencé à vendre des caladiums dès la fin 2018, mais il a vu la demande exploser pendant la pandémie.

Près de la moitié des plantes cultivées par la pépinière sont maintenant de cette espèce, avec des variétés originaires de Thaïlande, de Chine, des États-Unis et des Pays-Bas.

Interrogé au milieu de ses milliers de pots, il estime que cette tendance sera pérenne, même si les autorités commencent à alléger les restrictions sanitaires.  

La Malaisie a commencé à imposer des restrictions de mouvement l’an dernier peu après le début de la pandémie et a dû les rétablir en janvier après le déclenchement d’une deuxième vague de contaminations. Mais l’épidémie ralentit à présent dans le pays.

Plus de 300 000 cas d’infection à la COVID-19 ont été enregistrés et plus de 1000 morts en Malaisie, selon les autorités.