(Séoul) La Corée du Nord a annoncé jeudi qu’elle ignorerait les tentatives de prise de contact des États-Unis tant que Washington n’aurait pas renoncé à sa « politique hostile » envers elle, a rapporté l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

« Aucun contact entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée et aucun dialogue ne peuvent avoir lieu avant que les États-Unis ne mettent fin à leur politique hostile à la RPDC », a déclaré Choe Son Hui, première vice-ministre des Affaires étrangères, selon KCNA citée par l’agence de presse sud-coréenne Yonhap.

« Par conséquent, nous continuerons dans l’avenir à ignorer de telles tentatives des États-Unis », a ajouté Mme Choe.

L’avertissement de Pyongyang est intervenu alors que deux hauts responsables américains, le secrétaire d’État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, se trouvaient à Séoul.

La Corée du Sud est la deuxième étape de la tournée entreprise dans la région par MM. Blinken et Austin pour renforcer avec leurs alliés un front commun face à la Corée du Nord, qui dispose de l’arme nucléaire, et à l’influence croissante de la Chine.

Les deux responsables américains se sont entretenus mercredi avec leurs homologues sud-coréens. Ils doivent rencontrer jeudi le président sud-coréen Moon Jae-in.

Séoul et Washington ont entamé la semaine dernière des manœuvres militaires conjointes, dont le lancement a été suivi mardi par une ferme mise en garde de Pyongyang à Washington.

« Odeur de poudre »

Kim Yo Jong, l’influente sœur du leader nord-coréen, a dit vouloir donner « un conseil à la nouvelle administration américaine qui tente de répandre une odeur de poudre sur notre pays ».

C’était la première fois depuis que Joe Biden a succédé à Donald Trump à la Maison-Blanche que Pyongyang mentionnait la nouvelle administration américaine.  

« Si vous voulez dormir tranquilles pendant les quatre ans à venir (la durée d’un mandat présidentiel américain, NDLR), vous feriez bien de ne rien entreprendre qui vous fasse perdre le sommeil », a déclaré Mme Kim, cité par le quotidien officiel Rodong Sinmun.

La politique atypique de Donald Trump envers la Corée du Nord avait donné lieu dans un premier temps à des échanges d’insultes et de menaces de guerre nucléaire avec Kim Jong-un, puis à une extraordinaire lune de miel diplomatique marquée par des sommets entre les deux dirigeants.

Ces relations n’avaient finalement pas conduit à des avancées vers une dénucléarisation de la Corée du Nord, soumise à de multiples sanctions internationales en raison de ses programmes d’armes nucléaires et de missiles.

Le processus de négociation entre les États-Unis et la Corée du Nord avait été mené avec l’entremise du président sud-coréen Moon. Mais les relations entre Séoul et Pyongyang se sont fortement détériorées depuis l’échec du sommet Kim-Trump à Hanoï en février 2019.

Depuis, Pyongyang a encore renforcé son isolement, fermant notamment ses frontières afin de se protéger de l’épidémie de COVID-19 apparue pour la première fois en Chine.