(Colombo) Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a mis en garde Colombo contre le comportement « prédateur » de la Chine, lors d’une visite mercredi au Sri Lanka pour tenter de nouer des liens plus forts avec cette île où Pékin a beaucoup investi.

Au terme d’une visite de douze heures à Colombo dans le cadre d’une tournée régionale, M. Pompeo a réitéré ses attaques contre la Chine après des entretiens avec Gotabaya Rajapaksa, président réputé proche de Pékin.

« Un Sri Lanka fort et souverain constitue un puissant partenaire stratégique pour les États-Unis sur la scène mondiale », a déclaré M. Pompeo à la presse. Évoquant l’assistance militaire américaine et le don récent de deux navires de garde-côtes qui contrastent selon lui avec le comportement de la Chine, il a assuré : « le Parti communiste chinois est un prédateur ».

L’ambassade de Chine au Sri Lanka a rétorqué en tweetant, sous une pub du jeu vidéo Aliens vs Predator : « désolés M. Pompeo, nous sommes occupés à promouvoir l’amitié et la coopération Chine/Sri Lanka, pas intéressés par votre invitation à jouer ».

Le Sri Lanka, stratégiquement situé dans l’océan Indien, a emprunté des milliards de dollars à la Chine lorsque Mahinda Rajapaksa, frère de l’actuel président et aujourd’hui premier ministre, était chef d’État entre 2005 et 2015. L’île a dû louer à une firme chinoise en 2017 avec un bail de 99 ans un port construit avec un prêt qu’elle ne pouvait rembourser.

Le Sri Lanka « peut devenir un phare pour une région Indo-Pacifique libre et ouverte », a ajouté M. Pompeo, référence à la stratégie américaine pour endiguer l’expansionnisme chinois.

Le ministre sri-lankais des Affaires étrangères, Dinesh Gunawardena, n’a pas mentionné la Chine, mais assuré à la presse que son pays conservait une politique de non-alignement.

Avant l’arrivée de M. Pompeo mardi soir, l’ambassade de Chine à Colombo a averti les États-Unis de ne pas « contraindre et intimider » le Sri Lanka. Plus tôt en novembre, le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la politique étrangère, Yang Jiechi, s’était engagé à Colombo à davantage d’aide économique.

M. Pompeo a multiplié les commentaires critiques envers la Chine durant sa tournée qui a débuté lundi en Inde et le mènera après le Sri Lanka aux Maldives et en Indonésie.

La Chine a soutenu par le passé le rejet par Colombo d’accusations d’atteintes aux droits de l’homme pendant le conflit avec les Tigres tamouls qui a duré 37 ans, jusqu’en 2009, et fait plus de 100 000 morts selon l’ONU.

Selon les défenseurs des droits de l’homme, 40 000 civils tamouls ont péri dans les derniers mois du conflit, des chiffres contestés par le gouvernement. Mahinda Rajapaksa était alors président et son frère Gotabaya dirigeait de fait les forces armées.

Avant de partir, M. Pompeo a déposé une couronne à l’église catholique Saint-Antoine à Colombo où 56 personnes ont été tuées à Pâques 2019 dans des attentats djihadistes coordonnés contre trois églises et trois hôtels qui ont fait au total 279 morts, dont cinq Américains.