(Washington) Pékin a fustigé jeudi le feu vert donné par Washington à la vente à Taïwan de missiles et autres équipements militaires pour un montant total d’environ 1,8 milliard, menaçant d’y apporter une « nécessaire réponse ».

L’île de Taïwan est peuplée de quelque 23 millions d’habitants. Elle est dirigée depuis 75 ans par un régime hérité du pouvoir chinois qui s’y était réfugié après la prise du pouvoir par les communistes sur le continent durant la guerre civile chinoise.

La Chine considère le territoire insulaire comme une de ses provinces et menace de recourir à la force en cas de proclamation formelle d’indépendance ou d’intervention extérieure – notamment américaine.

Les États-Unis, de leur côté, considèrent comme une priorité stratégique de contrer l’influence croissante de la Chine dans la région.

Washington a approuvé mercredi la vente à Taïwan de 135 missiles de défense côtière Slam-ER, qui ont une portée suffisante pour atteindre la Chine continentale, pour un montant estimé à 1 milliard de dollars.  

Les États-Unis ont également donné leur feu vert à la vente de lance-roquettes tactiques (436 millions de dollars) et d’équipements d’imagerie destinés à la reconnaissance aérienne (367 millions).  

Le montant total des commandes représente plus de 1,8 milliard de dollars.

Pékin a appelé jeudi Washington à « annuler » cette vente « pour éviter de porter davantage préjudice aux relations » entre les deux pays, « ainsi qu’à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taïwan ».

« La Chine apportera une légitime et nécessaire réponse en fonction de l’évolution de la situation », a affirmé devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

La vente des 135 missiles de défense côtière « sert les intérêts économiques et la sécurité nationale des États-Unis en aidant (Taïwan) à moderniser ses forces armées et à conserver une capacité de défense crédible », a indiqué le département d’État américain.

Le ministère taïwanais de la Défense a de son côté déclaré que ces armes aideraient Taïwan « à construire des capacités crédibles de combat ».  

Les missiles air-sol Slam-ER ont une portée maximum de 270 km, c’est-à-dire supérieure à la largeur du détroit de Taïwan qui sépare l’île de la Chine continentale.

Invasion

Washington a rompu ses relations diplomatiques avec Taipei en 1979 pour reconnaître Pékin, mais reste l’allié le plus puissant de l’île et son fournisseur d’armes numéro un.  

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Robert O’Brien, a conseillé la semaine dernière à Taïwan de se « fortifier » pour se protéger d’une invasion par la Chine, tout en jugeant cette éventualité peu probable avant « 10 ou 15 ans ».

La semaine dernière, Pékin a diffusé les images d’un exercice militaire simulant l’invasion d’un territoire semblable à Taïwan, avec notamment des frappes de missiles.