(Séoul) La Corée du Nord a dévoilé samedi un missile balistique intercontinental (ICBM) géant lors d’un défilé militaire à Pyongyang, selon des analystes militaires.

Chacun des missiles était tracté sur un véhicule à 11 essieux et Akit Panda, de la Federation of American Scientists, une ONG scrutant les risques liés au nucléaire, a estimé dans un tweet qu’il s’agissait du « plus gros missile mobile à combustion liquide jamais vu à ce jour ».

Le dirigeant nord-coréen Kim Jung-un avait assuré samedi qu’il continuerait de renforcer son armée et soutenu qu’il n’y avait pas un seul cas de coronavirus dans son pays, lors du défilé devant faire étalage de ses dernières technologies de défense.

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Le dirigeant nord-coréen Kim Jung-un

Ce défilé a été organisé à l’occasion du 75e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs au pouvoir dans le pays doté de l’arme nucléaire.

« Nous continuerons à renforcer notre armée, à des fins d’autodéfense et de dissuasion », a déclaré le leader nord-coréen dans un discours retransmis en différé par la télévision d’État.

La télévision d’État KCTV a montré des escadrons de soldats armés et des véhicules militaires alignés dans les rues de Pyongyang, prêts à marcher vers la place Kim Il-sung, qui doit son nom au fondateur du régime.

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Aucun des participants ni personne dans le public ne portait de masque, mais il y avait moins de monde que d’habitude sur cette place.

Kim Jong-un a assuré qu’il n’y avait « pas une seule personne » atteinte de coronavirus dans son pays alors que la pandémie a touché le monde entier.

Il a souhaité « une bonne santé à tous les gens à travers le monde qui combattent les maux » de la COVID-19, alors que le président américain Donald Trump, testé positif, a récemment été hospitalisé.

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Selon l’état-major sud-coréen, le défilé militaire s’est déroulé tôt samedi matin et a été « attentivement » suivi par les services de renseignement sud-coréens et américains.

L’évènement intervient dans un contexte intérieur très lourd du fait de l’impact de la pandémie et d’une série de typhons qui ont durement touché ce pays en proie à des sanctions drastiques.

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Pas de médias étrangers

Contrairement à de précédents défilés, aucun média étranger n’a été invité cette année. Nombre d’ambassades sont fermées du fait des restrictions liées au coronavirus, ce qui fait que le nombre d’observateurs étrangers est limité.  

Les experts sont convaincus que la Corée du Nord a poursuivi ses programmes nucléaire et balistique, qu’elle justifie par la menace américaine, y compris pendant les négociations avec les États-Unis, dans une impasse depuis plus d’un an.

Certains experts estiment que Pyongyang pourrait exhiber un nouveau missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) ou un missile balistique intercontinental (ICBM) susceptible d’atteindre le territoire continental américain, voire un missile doté de multiples corps de rentrée qui permettrait ainsi de tromper les systèmes de défense américains.  

Fin décembre, le leader nord-coréen avait menacé de présenter une « nouvelle arme stratégique », mais certains experts pensent que Pyongyang n’a pas l’intention d’irriter la Maison-Blanche avant la présidentielle américaine.  

Présenter ces armes stratégiques lors d’un défilé serait « cohérent avec les promesses de Kim Jong-un », en étant moins provocateur qu’un essai militaire, a estimé Rachel Lee, une experte des questions nord-coréennes qui travaillait auparavant pour le gouvernement américain.

Dans ce contexte, le message adressé par le régime lors du défilé devrait surtout être à destination de la population nord-coréenne, en mettant en avant « les réalisations du Parti, l’unité autour du leader, l’amélioration de l’économie avant le Huitième Congrès du Parti », a-t-elle poursuivi en référence à une réunion prévue en janvier.

Reste que l’évènement, qui implique des milliers de personnes, pourrait être très propice à la propagation du coronavirus, à moins que des « précautions extrêmes » ne soient prises, observe Harry Kazianis, du Center for National Interest, un centre de recherche.

Ce genre de mesure est cependant « très improbable », poursuit-il : « Masques et missiles ne font pas bon ménage ».