Y a-t-il de l’espoir, alors qu’on en est à plus de 1 million de morts dans le monde ? L’État de Victoria, où se trouve Melbourne, en Australie, recensait 670 nouveaux cas quotidiens il y a un mois. On n’en compte plus qu’une dizaine par jour, au terme d’un confinement extrêmement restrictif.

Les écoles et les services de garde ont été fermés. Le masque a été imposé, même à l’extérieur. Couvre-feu de 20 h à 5 h. Pas de mariages, pas de salons de coiffure, pas de salles d’entraînement, pas de restaurants autrement que pour la livraison et les commandes à emporter. Interdiction de recevoir des gens chez soi, et dehors, ce n’est permis que pendant deux heures. Sortir de sa région ? Pas question. Ceux qui s’y hasardent s’exposent à des amendes ou à une peine de prison pouvant aller jusqu’à six mois.

Comme les choses vont nettement mieux, les restrictions commenceront à être allégées la semaine prochaine.

En Nouvelle-Zélande – première de classe en matière de gestion de la pandémie –, c’est aussi le printemps. Et ces derniers temps, seuls deux nouveaux cas ont été recensés, importés par des voyageurs étrangers.

Dans une étude publiée en juin, Blair Cameron, consultant à la Banque mondiale, attribue la réussite néo-zélandaise à sa première ministre Jacinda Ardern, « dont la stratégie depuis le début est de frapper vite et de frapper fort ».

PHOTO GREG BOWKER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Jacinda Ardern, première ministre de la Nouvelle-Zélande

L’Australie et la Nouvelle-Zélande se sont donc tirées d’affaire pendant leur hiver, tandis que les pays sud-américains, eux aussi situés dans l’hémisphère Sud, ont beaucoup plus souffert, particulièrement le Pérou.

Ce pays montre enfin quelques signes encourageants. Avec 68 décès en 24 heures, il a atteint jeudi dernier son meilleur bilan en cinq mois (en août, on en était à 206 morts par jour).

L’avantage du « dehors »

Le beau temps qui revient dans ces pays et qui nous quitte y est-il pour beaucoup, finalement ? Dans l’hémisphère Nord, en Europe comme aux États-Unis et ici, les chiffres sont à la hausse, à des degrés variables.

En fait, pour achever le virus, « il faudrait qu’il soit soumis à une température de 55 degrés à 60 degrés, fait remarquer la Dre Anne Gatignol, professeure en microbiologie à l’Université McGill. Le virus n’est pas moins fort en été. On l’attrape moins parce qu’on est davantage dehors, où il y a moins de contamination. »

En Europe, selon les données les plus récentes, l’Italie a le même taux de personnes atteintes par 100 000 habitants que la Suède (37), ce qui est extrêmement bas par rapport à la République tchèque (267), à l’Espagne (262) et à la France (235), qui sont les trois pays européens les plus touchés. Tout cela, alors que l’Afrique, elle, est beaucoup plus épargnée que ce que l’on croyait.

Croit-on finalement que les facteurs génétiques peuvent jouer ?

Il y a certainement des facteurs génétiques qui entrent en jeu et des études sont en cours sur le sujet, y compris au Québec.

La Dre Anne Gatignol, professeure en microbiologie à l’Université McGill

Mais cette piste n’explique sûrement pas tout, enchaîne la Dre Gatignol. « À l’heure actuelle, l’Italie compte beaucoup moins de cas que l’Espagne, alors que le bagage génétique des deux pays n’est pas si différent. L’Italie, qui a été très échaudée, semble avoir été particulièrement prudente, tandis que l’Espagne a eu beaucoup de vacanciers, ce qui n’a pas aidé. »

La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs salué les Italiens pour leur discipline. « Le gouvernement et la société, à tous les niveaux, ont réagi avec force et inversé la tendance avec une série de mesures fondées sur la science. »

En Italie, le masque est obligatoire, le dépistage a été massif et avant d’entrer dans un magasin ou dans un restaurant, chacun doit inscrire ses coordonnées pour pouvoir être retracé au besoin.

« Changer le cours des choses »

La Dre Gatignol continue de croire que le respect des gestes barrières – hygiène des mains, distanciation physique, masque – compte pour beaucoup. Elle cite l’exemple de la Chine, où les gens sont très disciplinés. On y compte moins de 20 cas quotidiens ces temps-ci et la vie, y compris à Wuhan, a repris son cours.

Malgré les victimes qui se multiplient, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, reste optimiste. « La leçon la plus importante est toujours la même : quel que soit le stade de l’épidémie dans un pays, il n’est jamais trop tard pour changer le cours des choses », a-t-il déclaré dans un texte publié dans le quotidien britannique The Independent.

– Avec l’Agence France-Presse et Reuters