(Taipei) Un haut responsable américain a pris part samedi à une cérémonie en hommage au défunt président Lee Teng-hui à Taïwan, une visite qui a suscité la colère de Pékin et des exercices militaires chinois à proximité de l’île.

Samedi, des chasseurs et bombardiers chinois ont pour la deuxième fois pénétré l’espace aérien taïwanais, selon le ministère taïwanais de la Défense qui a fait décoller des chasseurs en réponse.

Deux avions chinois de lutte anti-sous-marine avaient déjà franchi la frontière mercredi et reçu l’ordre de partir, selon le ministère.  

Ces dernières semaines, l’île a fait état d’une forte augmentation du nombre de vols d’avions de l’armée de l’air chinoise qui ont pénétré dans sa zone d’identification de défense aérienne (ADIZ).

Le sous-secrétaire d’État Keith Krach, qui a pris place à côté de l’ancien premier ministre japonais Yoshiro Mori et devait quitter l’île peu après la cérémonie, est le plus haut responsable du Département d’État à s’être rendu à Taïwan depuis 1979, année où les États-Unis avaient reconnu le gouvernement communiste basé à Pékin comme le seul représentant de la Chine.

De son côté, le Dalaï-Lama - autre bête noire de Pékin - a rendu un vibrant hommage au président Lee Teng-hui dans une vidéo préenregistrée diffusée pendant la cérémonie. « J’admire son engagement en faveur de la démocratie et la liberté », a-t-il dit. « C’était un ami proche qui restera dans ma mémoire et en tant que bouddhiste, je prierai pour lui ».

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a épinglé vendredi les « fanfaronnades militaires » de la Chine après que Pékin a annoncé des exercices militaires à proximité de Taïwan en réponse à la visite d’un ministre américain sur l’île.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé une visite qui « va encourager les partisans de l’indépendance de Taïwan dans leur arrogance et leur insolence ».  

Pékin condamne tout geste de nature à donner une légitimité au gouvernement de l’île que la Chine considère comme une province rebelle appelée à rentrer dans son giron, et si nécessaire par la force.

Cette visite intervient dans un contexte de tensions sino-américaines croissantes sur de nombreux sujets, du dossier hongkongais aux questions commerciales, en passant par le coronavirus.

Depuis l’élection en 2016 de la présidente Tsai, Pékin n’a pas cessé d’intensifier les pressions diplomatique, économique et militaire sur Taïwan.  

L’île de 23 millions d’habitants et le continent sont gouvernés séparément depuis 1949 et la fuite à Taïwan des nationalistes du Kuomintang (KMT), alors que les communistes de Mao Tsé-toung prenaient le pouvoir à Pékin.