(Washington) Washington a accentué vendredi la pression sur Pékin pour « punir » les « responsables » de la reprise en main de Hong Kong en limitant leur entrée aux États-Unis, au moment où le Congrès américain semble décidé à aller plus loin dans les sanctions.

Donald Trump « a promis de punir les responsables du Parti communiste chinois à l’origine du démantèlement des libertés de Hong Kong », a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

« Pour faire cela », il a annoncé des « restrictions de visas » pour les membres du tout-puissant parti au pouvoir en Chine « considérés responsables, ou complices, de la remise en cause du haut niveau d’autonomie de Hong Kong » tel que prévu dans les engagements internationaux de Pékin.

Ces mesures visent aussi les responsables impliqués dans « la remise en cause des droits humains et des libertés fondamentales » dans l’ex-colonie britannique.  

Mike Pompeo n’a pas précisé le nombre ni l’identité des personnes visées, mais a souligné que leur famille proche était également susceptible d’être concernée.

« Les États-Unis appellent la Chine à honorer ses engagements », a ajouté le secrétaire d’État, menaçant de prendre de nouvelles mesures.

« Nous exhortons les Américains à corriger immédiatement leurs erreurs, supprimer ces mesures et arrêter d’interférer dans les affaires intérieures chinoises », a réagi l’ambassade de Chine aux États-Unis.  

« La Chine va continuer à prendre des mesures fortes pour assurer la souveraineté nationale, la sécurité et le développement de ses intérêts », a-t-elle ajouté dans un communiqué.  

La Chine a annoncé le mois dernier un projet de loi controversé pour reprendre en main la sécurité à Hong Kong, immédiatement jugé par l’opposition locale et une grande partie de la communauté internationale comme une manière de réduire au silence le mouvement prodémocratie hongkongais.

« Pas du tout suffisant »

Donald Trump, déplorant une « tragédie pour le peuple de Hong Kong », a ouvert la voie à une remise en cause du statut préférentiel, notamment en matière commerciale, octroyé au territoire par les États-Unis. Aux yeux de l’administration du président américain, il s’agit de faire comprendre à la Chine que Hong Kong, sans autonomie réelle, peut perdre sa prospérité et son attractivité, et donc son rôle de place financière mondiale si important pour l’économie chinoise tout entière.

Mais au sein du Congrès américain, nombre d’élus, républicains comme démocrates, jugent la réponse du gouvernement Trump encore trop timorée pour dissuader les autorités chinoises d’adopter pour de bon leur texte.

« Des restrictions de visas, ce n’est pas du tout suffisant pour dissuader la Chine de poursuivre sa campagne contre les libertés à Hong Kong », a réagi le sénateur démocrate Chris Van Hollen, réclamant des « sanctions supplémentaires ».

Cet élu est l’un des auteurs d’une proposition de loi adoptée jeudi par le Sénat, à l’unanimité, et qui prévoit des sanctions automatiques plus sévères.

Si elle est également votée par la Chambre des représentants puis promulguée par le milliardaire républicain, elle permettrait de punir financièrement les dirigeants du Parti communiste à l’origine de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, tout comme les unités de police impliquées dans la répression de manifestants hongkongais.

Surtout, les banques qui mèneraient des « transactions significatives » avec les personnes ou entités sanctionnées seraient à leur tour visées par des mesures punitives.

Ce différend est venu accentuer encore davantage les tensions entre les deux premières puissances mondiales, déjà en pleine confrontation au sujet de la propagation du nouveau coronavirus, dont Donald Trump impute la responsabilité à Pékin.  

Initialement volontiers amical à l’égard de son homologue chinois Xi Jinping malgré la guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales, le président américain a durci le ton. Il suit en cela les positions déjà beaucoup plus fermes de son gouvernement, mené par le faucon anti-Chine Mike Pompeo, convaincu que le géant asiatique est le principal adversaire stratégique de long terme des États-Unis.

Le chef de la diplomatie américaine a rencontré la semaine dernière le haut responsable chinois Yang Jiechi à Hawaii, mais cette réunion de crise n’a pas permis de stopper l’escalade, et Mike Pompeo a depuis continué à égrener son réquisitoire public contre la Chine.