(Lima) Le domicile de la présidente péruvienne, Dina Boluarte, a été perquisitionné samedi peu après minuit dans le cadre d’une enquête pour enrichissement illicite portant sur des montres de luxe qu’elle est soupçonnée de ne pas avoir déclaré dans son patrimoine.

Le siège du gouvernement a également été perquisitionné « conformément à l’ordre du tribunal », a déclaré à la presse le colonel de la police Harvey Colchado, sans préciser si des objets avaient été saisis.

Dans un bref message sur le réseau X, la présidence a d’abord indiqué que l’opération au siège du gouvernement s’était déroulée « normalement et sans incident ».

Puis, dans une adresse à la nation, Mme Boluarte a dénoncé la perquisition à son domicile comme « arbitraire, disproportionnée et abusive », en critiquant du « harcèlement systématique » à son égard.

Des policiers avaient pénétré peu après minuit dans sa maison, à Surquillo, dans l’est de Lima, après avoir forcé la porte à l’aide d’une barre de fer, selon les images de la télévision.  

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D’autres images montrent la police cerner son domicile et former une barrière humaine pour empêcher le trafic automobile dans les rues adjacentes.

Selon un document de la police, auquel l’AFP a eu accès, une quarantaine d’agents et de magistrats ont été mobilisés « dans le but de fouiller la maison et saisir les montres Rolex ». Le siège du gouvernement a été perquisitionné quelques heures plus tard.

Le premier ministre péruvien Gustavo Adrianzén (centre droit) a dénoncé auprès de la presse « une atteinte intolérable à la dignité de la présidence de la République et de la nation qu’elle représente ».

« Les ministres d’État expriment leur solidarité avec la présidente et rejettent fermement ces actions politiques déstabilisatrices, qui s’appuient sur des dispositions juridictionnelles discutables », a-t-il ajouté sur X.  

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La présidente péruvienne, Dina Boluarte

Selon le gouvernement, au moment des perquisitions Mme Boluarte se trouvait dans sa résidence au sein du Palais du gouvernement. Elle continuera à « collaborer avec le bureau du procureur », a ajouté M. Adrianzén.

« Mains propres »

L’intervention policière a eu lieu à la demande du procureur de la nation après le rejet par le parquet de la demande de Mme Boluarte de reporter une comparution au cours de laquelle elle devait présenter sa collection de montres et les preuves d’achat.

En cas de poursuites, la présidente ne pourra, en vertu de la Constitution, être soumise à un procès avant juillet 2026, date de la fin de son mandat.  

Le scandale des Rolex a éclaté après qu’un site d’information local, La Encerrona, a publié le 15 mars une série de photos montrant Mme Boluarte arborant différentes montres de luxe alors qu’elle était au gouvernement en 2021 et 2022.

Le 19 mars, le parquet général a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « enrichissement illicite et non-déclaration d’utilisation de montres Rolex ».

Dans la foulée, Mme Boluarte a assuré avoir les « mains propres » et ne posséder qu’une montre, un modèle non récent acheté avec ses économies.  

« Je suis entrée au Palais du gouvernement avec les mains propres et j’en sortirai avec les mains propres, comme je l’ai promis au peuple péruvien », avait-elle affirmé.

La présidente, âgée de 61 ans, fait déjà l’objet d’une enquête pour « génocide, homicide aggravé et blessures graves » après la mort de plus de 50 personnes durant les deux mois de troubles sociaux qui ont accompagné son accession à la tête de l’État.

Dina Boluarte est devenue présidente après la destitution début décembre 2022 et l’arrestation du chef d’État de gauche Pedro Castillo, dont elle était la vice-présidente.

Début mars elle a dû changer de premier ministre, Alberto Otarola ayant annoncé sa démission après l’ouverture d’une enquête pour trafic d’influence à la suite de la diffusion d’enregistrements audio le compromettant. Ce proche de la présidente avait pris ses fonctions en décembre 2022.