(Quito) Le gouvernement équatorien a publié vendredi les noms des onze criminels les plus recherchés du pays, désormais désignés comme « objectifs militaires », avec en tête de liste le chef du cartel mexicain de Sinaloa et un guérillero colombien.

Cette liste, publiée par la présidence avec les portraits des intéressés, est divisée en trois « niveaux ».

Au « premier niveau », arrivent le chef du redoutable cartel de Sinaloa, Ismael Mario Zambada Garcia, alias « El Mayo ». Et Giovanny Andrés Rojas, alias « Araña » (l’araignée), le chef d’une faction de la dissidence des FARC (guérilla marxiste colombienne qui a déposé les armes en 2016) active à la frontière entre les deux pays.

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Ismael Mario Zambada Garcia, alias « El Mayo »

À part leur nom, alias et photo d’identité, la liste ne donne aucune précision sur les deux hommes, ou leur localisation.

Cinq hommes constituent le « second niveau », avec une belle collection d’alias parmi lesquels « Orejas » (oreilles), « Cabeza » (tête), « Marcus » ou encore « Chugo Porto ».

Au « troisième niveau », ce sont quatre autres individus, dont « La trompe », et surtout le célèbre José Adolfo Macias Villamar, alias « Fito », considéré encore jusqu’à il y a peu comme l’ennemi public numéro un en Équateur.

Son évasion début janvier du plus grand pénitencier du pays à Guayaquil (sud-ouest) avait donné le signal d’une spectaculaire révolte dans les prisons et d’une vague de violences sans précédent sur tout le territoire par les groupes criminels impliqués dans le narcotrafic. « Fito », chef des « Choneros », le principal gang du pays, reste aujourd’hui introuvable.

Gangréné par le narcotrafic (alors que le pays est devenu ces dernières années la principale plateforme de l’exportation de cocaïne produite en Colombie et au Pérou voisins), mais aussi par la corruption, l’Équateur fait face depuis lors à une grave crise sécuritaire.

Le président Daniel Noboa, élu en novembre pour 18 mois, a déclaré le pays en « conflit armé interne » et a déployé l’armée pour neutraliser une vingtaine de groupes criminels.

Un référendum national aura lieu dimanche, à l’initiative du président Noboa, sur une série de réformes visant à mieux lutter contre la criminalité.

La présidence a publié également une liste actualisée des principaux gangs liés au narcotrafic et de leurs chefs : Lobos, Aguilas, Latin King, Tiguerones, Chone Killer, Lagartos, Mafia 18.

Beaucoup de ces « cibles militaires » opèrent « aux frontières », et « personne n’a eu (jusqu’à présent) le courage de dire leur nom ou leur localisation », alors que leurs « structures sont très grandes, très fortes et transnationales », a commenté le président Noboa.

« Il y a même des gouvernements qui coopèrent avec ces structures transnationales », a accusé le jeune chef de l’État, alors que les relations diplomatiques sont particulièrement tendues actuellement avec le Mexique, et plutôt distantes avec la Colombie voisine : « L’Équateur est ouvert à la coopération avec tous les pays, mais nous ne coopérerons jamais avec le crime, le terrorisme ou le trafic de drogue ».