(Caracas) La libérale Maria Corina Machado, frappée d’inéligibilité par le régime en place, a recueilli la quasi-totalité des bulletins de vote dépouillés des primaires de l’opposition au Venezuela, un scrutin qualifié lundi de « fraude » par Nicolas Maduro.  

Celle qui appartient à l’aile la plus radicale de l’opposition a obtenu 92,6 % des suffrages, sur la base des 65 % de bulletins de vote dépouillés, a annoncé lundi soir la commission qui a organisé ce scrutin dans un pays plongé dans une grave crise économique.

Mme Machado a ainsi remporté les primaires de l’opposition en vue de l’élection présidentielle au Venezuela en 2024 et devrait s’imposer comme principale rivale de Nicolas Maduro qui briguera un troisième mandat l’année prochaine, bien que son parti ne l’ait pas encore officiellement proclamé.  

Problème, cette ingénieure de 56 ans et ex-députée a été interdite d’exercer une fonction publique pendant 15 ans, ce qui l’empêche théoriquement de déposer sa candidature.

« Il est regrettable qu’ils se moquent d’un groupe aussi important », a déclaré lundi le président Nicolas Maduro, faisant référence aux électeurs à la primaire estimés entre 550 000 et 700 000. « C’est la chronique d’une mort annoncée, la chronique […] d’une fraude annoncée », a-t-il fustigé.  

« Nous, nous respectons ce groupe [d’électeurs] et je leur lance un appel : ne vous laissez pas berner », a poursuivi le dirigeant vénézuélien.

Mme Machado, qui s’est imposée avec un discours direct et sans concessions, est accusée par le régime de Caracas de corruption et d’avoir soutenu les sanctions de la communauté internationale contre le Venezuela.  

« Il n’y a pas la moindre possibilité, pas une […] qu’une personne qui a été inhabilitée puisse se présenter à l’élection présidentielle », a insisté l’ancien vice-président Diosdado Cabello.  

Fervente opposante au chavisme, du nom de Hugo Chavez, figure de la gauche radicale latino-américaine et défunt prédécesseur de M. Maduro, Mme Machado veut imposer une économie libérale, avec notamment la privatisation des entreprises publiques.  

Son plus proche rival, Carlos Prosperi, qui avait dénoncé des irrégularités dans le processus, arrive loin derrière avec 4,45 % des suffrages.

Ces primaires ont été organisées dans une improvisation relative après des mois de tergiversations, mais aussi d’opérations de « sabotage » du pouvoir, selon l’opposition. Cette dernière a renoncé à faire appel au Conseil national électoral (CNE) pour organiser le vote, jugé trop proche du pouvoir.

Certains bureaux de vote ont ainsi dû être improvisés dans la rue, d’autres chez des particuliers.