(Brasilia) Les forces de l’ordre au Brésil étaient mobilisées mercredi pour une opération visant à démanteler un réseau criminel qui comptait assassiner des personnalités politiques, dont l’ancien ministre de la Justice Sergio Moro, selon la Police fédérale (PF).

« L’objectif de cette opération est de démanteler une organisation qui avait l’intention de s’en prendre à des fonctionnaires et des élus », a précisé la PF, évoquant des plans d’« homicides et d’extorsion après enlèvement ».

« Les attaques auraient pu avoir lieu de façon simultanée » dans cinq États brésiliens, a ajouté la Police fédérale.  

Des sources policières ont confirmé à l’AFP que le sénateur Sergio Moro, ex-ministre de la Justice du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, était l’une des cibles de ce gang lié au Premier Commando de la Capitale (PCC), une des principales factions criminelles qui dominent le trafic de drogue en Amérique Latine.

Cet ancien juge anticorruption a fait état sur Twitter d’un « plan de représailles du PCC » contre lui et a remercié les policiers.

En 2019, lorsqu’il était ministre, M. Moro avait ordonné le transfert dans des prisons de haute sécurité du leader historique du PCC, Marcos Willian Herbas, dit « Marcola », et de 21 autres membres de cette faction.

Au total, 11 mandats d’arrêt ont été émis et neuf suspects ont été interpellés. Les policiers ont également mené 24 perquisitions, dans la capitale Brasilia et dans les États de Sao Paulo (sud-est), Mato Grosso do Sul (centre-ouest), Rondonia (nord) et Parana (sud), d’où le sénateur Moro est originaire.

Le ministre de la justice, Flavio Dino, nommé en janvier par le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, a confirmé que la police avait « identifié un plan d’homicides de plusieurs hauts fonctionnaires, dont un sénateur et un procureur », sans citer de nom.

En tant que juge, Sergio Moro s’est rendu célèbre pour son rôle dans la méga-opération anticorruption « Lavage-Express ».

En 2017, il avait condamné Lula en première instance à plus de neuf mois de prison pour corruption et blanchiment. Ce dernier a été incarcéré 18 mois en 2018 et 2019.

En 2021, la Cour suprême a annulé toutes les condamnations de Lula, estimant que le juge Moro avait été « partial ».

Cette opération des forces de l’ordre a rapidement fait l’objet de commentaires politiques, dans un contexte de forte polarisation au Brésil.

L’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro, vaincu aux dernières élections par Lula, a lié le plan d’assassinat de Moro à la « gauche » sans présenter de preuves.

« En 2018, Jair Bolsonaro et maintenant Sergio Moro. Ce ne peut pas être une simple coïncidence », a-t-il tweeté, faisant référence au coup de couteau dans l’estomac qu’il avait reçu lors de sa première campagne présidentielle.

« Le pouvoir absolu à tout prix a toujours été l’objectif de la gauche », a ajouté M. Bolsonaro, qui se trouve actuellement aux États-Unis.