(Caracas) L’ex-député d’opposition Juan Requesens a été « condamné à huit ans de prison » jeudi pour son implication dans une présumée tentative ratée d’attentat contre le président vénézuélien Nicolas Maduro en 2018, pour laquelle 17 personnes ont été condamnées, dont 12 à la peine maximale de 30 ans d’emprisonnement, ont indiqué les avocats de la défense.

Ces condamnations interviennent quatre ans après l’explosion, le 4 août, de deux drones près de la tribune où M. Maduro présidait une parade militaire dans le centre de Caracas.

Les autorités vénézuéliennes avaient à l’époque accusé le président colombien de l’époque, Juan Manuel Santos, d’avoir planifié la tentative d’assassinat avec des soutiens au Venezuela, aux États-Unis et au Pérou.

À de nombreuses reprises, M. Maduro s’est dit victime de complots sur sa personne fomentés par le voisin colombien. Pour l’opposition vénézuélienne, il s’agissait d’une mise en scène du pouvoir visant à justifier un renforcement de la répression contre ses adversaires et à détourner l’attention de la population face à la grave crise économique dans laquelle est englué le pays.

« Ces condamnations sont destinées à soutenir le faux récit du gouvernement d’une prétendue tentative d’assassinat. Ils sont des boucs émissaires », a déclaré à l’AFP Gonzalo Himiob, avocat de l’ONG Foro Penal, qui défend les prisonniers politiques estimés à 245 dans le pays.

Juan Requesens, 33 ans aujourd’hui, avait été arrêté trois jours plus tard, poursuivi pour tentative d’homicide, terrorisme et trahison. Quelques jours après, il avouait dans une vidéo avoir eu des contacts avec l’un des auteurs présumés. L’opposition avait crié au scandale, estimant qu’il avait été menacé ou drogué.

« Le ministère public n’a pas pu prouver votre responsabilité », a écrit sur Twitter son avocat Me Joel Garcia avant le prononcé de la sentence. « Le juge n’a aucun moyen de vous condamner et vous devriez être acquitté, mais notre système judiciaire a été perverti ».

« La dictature l’a enlevé et le maintient privé de sa liberté comme un mécanisme de persécution de toute une société qui résiste », a écrit le dirigeant de l’opposition Juan Guaidó, reconnu comme président par intérim par une soixantaine de pays, dont les États-Unis, après la réélection contestée de M. Maduro en 2018.

« Répudiation éternelle des tyrans et de la tyrannie », a écrit son père, également nommé Juan Requesens.

Le général d’armée Héctor Hernandez Da Costa, 56 ans, a lui été condamné à 16 ans de prison. Selon sa fille, Loredana Hernandez, à l’AFP, « ce qui vient de se passer est le reflet le plus clair du fait qu’il n’y a pas de justice dans notre pays ».

« Ce type d’acte ne peut rester impuni et mérite la peine maximale », a déclaré le procureur général Tarek William Saab. Il a souligné que « 91 audiences ont été tenues, 60 experts ont participé, 193 fonctionnaires et 36 ont été entendus », témoignant selon lui d’une « procédure régulière ».

Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, a publié un message sur Twitter pour se souvenir du « jour où les ennemis ont tenté de s’en prendre à la paix du Venezuela ».