(Brasilia) Trois sénateurs brésiliens ont déposé lundi à la Cour suprême une demande d’ouverture d’enquête pour « prévarication » contre le président Jair Bolsonaro qu’ils accusent d’avoir fermé les yeux sur un scandale de corruption dans l’achat de vaccins contre la COVID-19.

« J’ai déposé une demande d’ouverture d’enquête à la Cour suprême à cause de la grave dénonciation selon laquelle le président de la République n’a pris aucune mesure après avoir été prévenu d’un gigantesque réseau de corruption au sein du ministère de la Santé », a déclaré dans une vidéo Randolfe Rodrigues, le vice-président d’une commission d’enquête du Sénat sur la façon dont le gouvernement Bolsonaro a géré la crise sanitaire.

« La prévarication est un délit prévu par le Code pénal », a-t-il rappelé.

La prévarication est un « grave manquement d’un fonctionnaire, d’un homme d’État, aux devoirs de sa charge » dit le dictionnaire Robert, qui donne en exemples l’abus d’autorité, le détournement de fonds publics, et l’acceptation de pots de vin par un fonctionnaire.

Si une enquête est ouverte, elle peut aboutir à une destitution du président Bolsonaro, un scénario que les analystes jugent cependant peu probable.  

Deux autres sénateurs ont signé cette demande, qui repose sur le témoignage vendredi d’un député affirmant avoir prévenu le chef de l’État d’irrégularités dans l’achat de doses du vaccin indien Covaxin, avec notamment de forts soupçons de « surfacturation ».

Aucun vaccin n’a été livré et le Covaxin n’a pas reçu l’homologation des autorités sanitaires.  

Aucune trace de demande de la part du président d’extrême droite d’enquêter sur les irrégularités présumées du contrat n’a été retrouvée.

Ces révélations, faites dans le cadre d’une audience de la commission d’enquête parlementaire (CPI) du Sénat, ont fait l’effet d’une bombe, dans un pays où plus d’un demi-million de personnes (pour 212 millions d’habitants) sont mortes de la COVID-19.

L’opposition a appelé à des manifestations mercredi et samedi pour demander la destitution du chef de l’État.