L'ONU a diffusé mercredi une enquête sur l'origine de l'épidémie de choléra en Haïti, qui incrimine une souche d'Asie du Sud tout en se gardant d'accuser un camp de Casques bleus népalais d'être la source de la contamination.

Les experts qui ont réalisé l'enquête concluent que l'origine du choléra «est due à la contamination (..) de la rivière Artibonite par une souche pathogène de type d'Asie du Sud, résultat d'une activité humaine».

Mais le panel indépendant conclut que l'épidémie de choléra a été causée par «un ensemble de circonstances (..) et n'est pas la faute ou l'action délibérée d'un groupe ou d'un individu».

Le panel explique néanmoins que des excréments humains en provenance du camp de Casques bleus népalais ont pu se disséminer dans la rivière Artibonite.

«Les conditions sanitaires du camp Mirebalais de la MINUSTAH (forces de l'ONU en Haïti) n'étaient pas suffisantes pour empêcher la contamination (..) par des excréments humains», écrivent les experts, qui indiquent en outre que «l'analyse des résultats (...) et des gènes indiquent que des souches isolées en Haïti et au Népal en 2009 sont parfaitement identiques».

L'ONU avait nommé quatre experts le 6 janvier pour enquêter sur l'origine de l'épidémie, attribuée par des spécialistes aux Casques bleus népalais.

Le groupe, dirigé par le Mexicain Alejandro Cravioto, du Centre international pour la recherche sur les maladies diarrhéiques basé au Bangladesh, comptait aussi Claudio Lanata, de l'Institut d'enquête nutritionnelle du Pérou, Daniele Lantagne, de l'université américaine Harvard, et Balakrish Nair de l'Institut national du choléra et des maladies entériques d'Inde.

Dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon indique mercredi qu'il «a l'intention de mettre sur pied un groupe de travail au sein des Nations unies afin d'étudier les conclusions et les recommandations» des experts.

Le bilan de l'épidémie dépassait en mars 4670 morts. Une étude publiée en mars par la revue scientifique britannique The Lancet indiquait que 800 000 personnes risquaient d'être affectées par le choléra cette année en Haïti, soit le double de l'estimation faite par les agences de l'ONU, et que 11 000 risquaient d'en mourir.

Recrudescence des cas avec la saison des pluies

Une organisation médicale américaine affirme que la hausse des nouveaux cas de choléra constatée dans une clinique d'une région rurale d'Haïti pourrait être un signe que l'épidémie reprend de la vigueur avec l'arrivée de la saison des pluies.

Le nombre de nouveaux cas de choléra a triplé au cours des dernières semaines dans une clinique de la ville de Mirebalais, tout près de l'endroit où l'épidémie avait commencé en octobre, rapporte l'organisation Partners in Health.

Les responsables de l'organisation ont affirmé mercredi qu'ils avaient constaté plus de cas de choléra dans la capitale haïtienne et ailleurs au pays. L'organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a aussi affirmé avoir constaté plus de cas de choléra, mais se fait moins alarmiste.