Les Vénézuéliens ont voté dans le calme dimanche à l'occasion d'élections législatives test pour Hugo Chavez, alors que l'opposition veut faire son retour en force au parlement pour freiner le «projet socialiste» du président.

Les bureaux de vote ont commencé à fermer vers 18h30, selon les autorités électorales. Ils «doivent rester ouverts tant qu'il y a des électrices et des électeurs en train de faire la queue», a déclaré la présidente du Conseil électoral (CNE), Tibisay Lucena.

Selon les autorités, aucun incident n'a été rapporté au cours du scrutin encadré par 250.000 militaires, policiers et miliciens, dans un des pays où la criminalité atteint des records, avec deux personnes tuées chaque heure.

Les premiers résultats officiels ne seront pas publiés avant la fermeture du dernier bureau de vote.

Toute la journée, Chavez, le chef de file de la gauche radicale latino-américaine, et l'opposition, ont bombardé de messages leurs comptes Twitter sur internet pour appeler leurs compatriotes à voter. La participation serait élevée, «autour de 70%», a estimé le président à la mi-journée.

L'enjeu des élections pour Chavez, encore très populaire après plus de onze ans au pouvoir, est de conserver la majorité qualifiée, les deux tiers des sièges, pour donner un coup d'accélérateur à sa «révolution socialiste» au Venezuela, une puissance pétrolière possédant les deuxièmes réserves prouvées de brut au monde derrière l'Arabie saoudite.

Pour l'opposition, rassemblée au sein de la Coordination de l'Union démocratique, l'objectif est de faire contrepoids au sein de l'Assemblée nationale monocamérale, après avoir boycotté les législatives de 2005.

Ses candidats espèrent pouvoir incarner une alternative crédible face à la dégradation des conditions de vie au Venezuela, avec la hausse du chômage, le manque de logement, des pannes de courant à répétition, une inflation record de 30% sur un an et des perspectives de croissance en berne pour 2010.

Ces cinq dernières années, le PSUV (parti socialiste) a contrôlé le parlement à une écrasante majorité, ce qui a permis au président de faire passer des réformes renforçant le contrôle de l'État sur l'économie et les organisations sociales.

S'il décroche 110 députés sur 165 (51-52% des voix), le président pourra se voir à nouveau attribuer des pouvoirs exceptionnels lui permettant de légiférer directement et de contrôler des nominations clefs.

Environ 17,6 millions de Vénézuéliens ont été appelés à voter. «J'ai peur, ils (les membres de l'opposition) vont annuler les programmes sociaux» mis en place par Chavez pour les couches populaires, lâche Osiris Marcan, 49 ans, dans un fief «chaviste» de Caracas.

À Chacao, un arrondissement conservateur, Orelio Rotonda, 75 ans, a déploré que le Venezuela soit gouverné par «une forme de communisme».

Les législatives ont été présentées par Chavez, un admirateur du leader de la révolution cubaine Fidel Castro et bête noire des États-Unis, comme une «pré-campagne» à la présidentielle de 2012, se déclarant «prêt», à 56 ans, pour un troisième mandat.

Les résultats, en voix et en sièges, ne manqueront pas d'être analysés à la loupe à la lumière de cette échéance.