(Nairobi) Le président kényan William Ruto a annoncé mardi avoir mobilisé l’armée et ordonné l’évacuation des personnes vivant dans les zones à risque d’inondations dans le pays, frappé par des pluies diluviennes qui ont fait au moins 171 morts depuis mars.

Le chef de l’État a annoncé ces « mesures préventives » de la ville de Mai Mahiu, où il a rendu visite aux sinistrés de l’épisode le plus meurtrier depuis le début de la saison des pluies.

Dans la nuit de dimanche à lundi, un barrage naturel situé à quelques kilomètres de là a cédé sous l’effet de l’accumulation des pluies, déversant un puissant torrent d’eaux boueuses qui a balayé plusieurs villages en contrebas.

« Plus de 48 personnes ont été retrouvées mortes, dont des enfants, des personnes âgées. Environ 26 personnes sont toujours hospitalisées », a-t-il affirmé, alors que les opérations de recherche de victimes se poursuivent.

Un précédent bilan communiqué mardi matin à l’AFP faisait état de 47 morts et 76 disparus.

Comme plusieurs de ses voisins d’Afrique de l’Est, le Kenya connaît une saison des pluies particulièrement violente en raison du phénomène climatique El Niño qui amplifie les précipitations.

« Les prévisions (météo) indiquent que la pluie va continuer et la probabilité d’inondations et de pertes de vies humaines est réelle. Nous devons donc prendre des mesures préventives », a déclaré William Ruto, en affirmant qu’un total de 171 personnes avaient péri dans le pays depuis le début en mars.

« L’armée a été mobilisée […] toutes les agences de sécurité ont été mobilisées pour aider les citoyens de ces zones à évacuer afin d’éviter tout risque de perte de vies », a-t-il ajouté.

Ces évacuations, volontaires ou forcées si nécessaire, devront être réalisées dans les 48 heures, a précisé un communiqué gouvernemental.

Menace sur deux barrages

Selon des chiffres publiés mardi par le ministère de l’Intérieur, au 29 avril, plus de 150 000 personnes avaient été déplacées depuis le début de la saison des pluies.

Le gouvernement a mis en garde contre la situation de deux des principaux barrages du pays, ceux de Masinga et Kiambere, situés respectivement à 100 et 180 kilomètres au nord-est de Nairobi, dont les niveaux « ont atteint des sommets historiques ».

Une détérioration de la situation « pourrait aggraver une situation déjà désastreuse » dans les comtés en aval de Garissa et Tana River (est), souligne-t-il.

Dans l’ouest, les eaux du lac Victoria – le plus grand lac d’Afrique – ont également débordé.

La semaine dernière, la capitale Nairobi avait été le théâtre d’inondations soudaines qui avaient fait 13 morts.

L’opposition kényane critique depuis plusieurs semaines l’impréparation et la réaction insuffisante des autorités.

« Le gouvernement fait de grands discours sur le changement climatique, mais lorsque la menace se concrétise, nous sommes pris au dépourvu. Bien que le service météorologique ait prévu avec précision les fortes pluies et tempêtes, il n’y avait aucun plan d’urgence » a fustigé mardi le leader de l’opposition et vétéran de la politique kényane Raila Odinga dans un communiqué.

Déluge régional

Plusieurs autres pays d’Afrique de l’Est font face aux conséquences dévastatrices de pluies saisonnières décuplées par El Niño, dont l’épisode actuel a débuté mi-2023 et pourrait durer jusqu’en mai, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

En Tanzanie, au moins 155 personnes ont péri dans des inondations ou des glissements de terrain.

Au Burundi, un des pays les plus pauvres du monde, 96 000 personnes ont été déplacées par des mois de pluie ininterrompue.

Des décès et des dégâts ont également été recensés dans la capitale éthiopienne Addis Abeba (4 morts), au Rwanda (2 morts) et en Ouganda (2 morts).

El Niño provoque une augmentation des températures, mais aussi des sécheresses dans certaines parties du monde et de fortes pluies dans d’autres.