Le jour même de la visite du président américain, Joe Biden, mercredi, Israël a autorisé l’entrée d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, où un siège strict est imposé depuis le début du conflit, le 7 octobre, à partir de l’Égypte. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a plaidé du même souffle pour la libération des dizaines d’otages toujours détenus par le Hamas, tandis que le président américain lui a lancé un avertissement quant aux graves dérives qu’une vengeance sanglante pourrait entraîner.

Israël ouvre la porte à de l’aide humanitaire

« Israël n’empêchera pas l’aide humanitaire depuis l’Égypte tant qu’il s’agit de nourriture, d’eau et de médicaments pour la population dans le sud de la bande de Gaza », a indiqué le bureau du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, précisant que « tout approvisionnement qui arrivera au Hamas sera neutralisé ». À la télévision saoudienne, le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, a toutefois estimé qu’une telle opération « requiert de l’organisation ». « La route permettant l’acheminement de l’aide entre Gaza et le point de passage de Rafah a été détruite », a-t-il rappelé, évoquant les bombardements israéliens du côté palestinien de la frontière.

PHOTO MOHAMMED ABED, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des enfants remplissent des bouteilles d’eau à partir d’un camion-citerne, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Il faudra encore du temps

L’entrée dans la bande de Gaza d’un premier convoi d’une vingtaine de camions au plus, comme l’a précisé le président américain plus tard, pourrait donc se faire au bout de 24 à 48 heures, le temps de rendre la route praticable, estime le directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires (OCCAH) et ancien chef de délégation de la Croix-Rouge, François Audet. Qui plus est, cette aide n’est qu’une goutte d’eau par rapport aux besoins de la population dans l’enclave continuellement alimentée par de l’aide humanitaire ces dernières années. « On va tomber dans une situation où les populations n’ont rien à manger. Si on arrête après 20 camions, ce sera l’équivalent d’une tasse de thé au lieu d’un repas », insiste François Audet. Le coordinateur des Nations unies pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, a d’ailleurs estimé qu’une centaine de camions devraient pouvoir se rendre dans la bande de Gaza chaque jour, soit l’équivalent du programme d’aide à l’enclave avant le conflit.

PHOTO PETROS GIANNAKOURIS, ASSOCIATED PRESS

Les photos de personnes kidnappées par le Hamas sont affichées sur un mur près du ministère de la Défense d’Israël, à Tel-Aviv.

La libération des otages

À Tel-Aviv, où il a rencontré notamment le premier ministre Benyamin Nétanyahou, le président américain Joe Biden a rappelé que la libération des otages, dont le nombre est estimé à 199 par les autorités israéliennes, était la « plus haute priorité ». Israël a d’ailleurs posé comme condition sine qua non à l’ouverture d’accès pour l’aide humanitaire depuis son territoire la libération des personnes enlevées par le Hamas le 7 octobre dernier. Le groupe islamiste affirme qu’entre « 200 et 250 » otages sont détenus dans la bande de Gaza et que 22 d’entre eux ont été tués dans des frappes israéliennes.

Des « erreurs » commises par le Hamas

Des « erreurs » ont été commises lors de l’invasion d’Israël le 7 octobre, a reconnu un des fondateurs du Hamas, le cheikh Hassan Yousef, dans une entrevue accordée au quotidien The Globe and Mail. Il a alors estimé que le groupe militant serait prêt à libérer les femmes, les enfants et les étrangers qu’il retient en otage à Gaza si Israël acceptait un cessez-le-feu de 24 heures. Le cheikh Hassan Yousef a appelé la communauté internationale à négocier une pause afin que certains des otages puissent être libérés en toute sécurité. « Nous sommes prêts. Laissons les choses se faire. Mais l’attaque doit cesser », a-t-il déclaré.

PHOTO EVELYN HOCKSTEIN, REUTERS

Le président américain, Joe Biden, et le premier ministre d’Israël, Benyamin Nétanyahou, à Tel-Aviv, mercredi

Un avertissement de Biden

Le président des États-Unis, Joe Biden, a lancé un avertissement aux Israéliens au terme de sa visite de l’État hébreu d’une durée totale de sept heures et demie mercredi. Au sujet de la colère ressentie après l’attaque-surprise du Hamas, le 7 octobre dernier, Joe Biden a tracé un parallèle avec les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. « On ne peut pas regarder ce qui s’est passé ici […] et ne pas réclamer la justice à cor et à cri », a ajouté le chef de la Maison-Blanche à la fin de son séjour à Tel-Aviv. « Mais je vous mets en garde : alors que vous ressentez cette rage, ne vous laissez pas consumer par elle. Après le 11-Septembre, nous étions furieux aux États-Unis. Et tandis que nous cherchions à obtenir justice, et que nous l’avions fait, nous avons également commis des erreurs. »

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Véhicules carbonisés dans le stationnement de l’hôpital Ahli Arab

Le jour suivant à l’hôpital Ahli Arab

Des voitures carbonisées, une cour jonchée de couvertures et de sacs à dos ensanglantés, des vêtements en lambeaux là où des dizaines de corps avaient été déposés : au lendemain de l’explosion survenue dans le stationnement de l’hôpital Ahli Arab, dans la bande de Gaza, les parties ont continué de s’en attribuer mutuellement la responsabilité. L’armée israélienne a affirmé, documents à l’appui, qu’un tir de roquette raté par une autre organisation palestinienne, le Djihad islamique, serait à l’origine du drame, tandis que le Hamas a maintenu qu’il avait été causé par un tir aérien depuis Israël. Pendant ce temps, les secouristes récupéraient les corps et les restes pour tenter d’identifier les morts.

PHOTO IBRAHIM AMRO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Heurts entre manifestants et forces de l’ordre près de Beyrouth, au Liban, mercredi

Ottawa recommande d’éviter le Liban

Ottawa a rehaussé mercredi son niveau de risque en lien avec la situation au Liban et prévient les Canadiens d’éviter tout voyage dans le pays « en raison de la détérioration de la situation sécuritaire, des troubles civils, du risque accru d’attentats terroristes et du conflit armé en cours avec Israël ». « Déjà, le gouvernement canadien avait exhorté ses ressortissants à quitter le pays alors que des vols commerciaux étaient toujours disponibles. La tension est forte à la frontière entre Israël et le Liban, où des échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais depuis le début du conflit.

Avec l’Agence France-Presse, l’Associated Press, The New York Times et CNN