(Tel-Aviv) Israël a annoncé mercredi autoriser l’entrée d’aide humanitaire dans la bande de Gaza depuis l’Égypte, alors qu’il impose un strict siège au territoire palestinien pilonné sans relâche depuis l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre.

« Israël n’empêchera pas l’aide humanitaire depuis l’Égypte tant qu’il s’agit de nourriture, d’eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza », a indiqué un communiqué du bureau du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. « Tout approvisionnement qui arrivera au Hamas sera neutralisé ».

« Un développement positif, que nous demandions depuis le début du conflit », a déclaré mercredi le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Choukri dans une entrevue avec la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiya.   

Joe Biden a pour sa part affirmé mercredi que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avec lequel il venait de s’entretenir, avait « accepté » de « laisser jusqu’à 20 camions traverser » la frontière pour acheminer de l’aide humanitaire à Gaza.

« Si le Hamas (s’en) saisit ou ne les laisse pas passer (..) alors ce sera fini », a prévenu le président américain lors d’un entretien avec les journalistes à bord de son avion, pendant une escale en Allemagne, en jugeant que son homologue égyptien était « totalement coopératif » et qu’il « méritait beaucoup de reconnaissance » pour son action.

Toutefois, le passage de l’aide « requiert de l’organisation », a tempéré M. Choukri. Il a expliqué sur la chaîne Al-Ghad basée au Caire que « la route permettant l’acheminement de l’aide entre Gaza et le point de passage de Rafah a été détruite », après plusieurs bombardements israéliens du côté palestinien de la frontière.  

Dans le Sinaï égyptien, mercredi soir, les files de camions d’aide n’avaient pas bougé des abords du terminal, toujours fermé, où elles attendent depuis plusieurs jours, selon des témoins.

Lors d’une visite mercredi à Tel-Aviv, où il a rencontré notamment le premier ministre Benyamin Nétanyahou, le président américain Joe Biden a précisé qu’Israël avait approuvé l’entrée d’aide dans Gaza via l’Égypte « au plus vite ». Les États-Unis travaillent avec leurs partenaires pour que « les camions passent la frontière le plus tôt possible », a-t-il ajouté.

PHOTO MAXENCE D’AVERSA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Carte de la bande de Gaza montrant la zone que l’armée israélienne a ordonné aux habitants d’évacuer, et la zone d’aide humanitaire annoncée par l’armée israélienne.

Joe Biden a estimé que la libération des otages, dont le nombre est estimé à 199 par les autorités israéliennes, était la « plus haute priorité ».  

Le communiqué du bureau de M. Nétanyahou précise qu’Israël n’autorisera aucune aide humanitaire à partir de son sol vers le territoire de Gaza, contrôlé par le Hamas, sans libération des personnes enlevées par mouvement islamiste palestinien le Hamas le 7 octobre.  

Le Hamas affirme qu’entre « 200 et 250 » otages sont détenus dans la bande de Gaza et a affirmé que 22 des personnes enlevées avaient été tuées dans des frappes israéliennes.

Joe Biden a également annoncé qu’il demanderait « cette semaine » au Congrès une aide « sans précédent » pour l’allié israélien, qu’il a averti de ne pas répéter les « erreurs » faites par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001, motivées par la « colère ».

100 camions par jour

L’aide humanitaire à Gaza – une fois qu’elle pourra passer la frontière entre l’Égypte et le territoire palestinien – devra être « conséquente », de l’ordre de 100 camions par jour, et devra être sécurisée, a affirmé mercredi le chef des situations humanitaires d’urgence aux Nations unies sur CNN.

« Nous devons commencer avec un nombre important de camions et nous devons atteindre 100 camions par jour, c’était autrefois le cas du programme d’aide à Gaza », a expliqué Martin Griffiths, le coordinateur des Nations unies pour les Affaires humanitaires, sur CNN Europe.

Il a évoqué des négociations « incroyablement détaillées avec les parties » pour mettre sur pied les modalités de l’entrée et la distribution de l’aide.

Il s’exprimait quelques heures seulement après que le président américain Joe Biden a indiqué avoir eu les assurances du gouvernement israélien qu’il laissera passer cette aide humanitaire par le point de passage de Rafah.

« Nous devons pouvoir avoir l’assurance que nous pouvons intervenir à grande échelle chaque jour, de manière délibérée, répétitive et fiable », a insisté M. Griffiths, expliquant que les différents personnels de l’ONU, qui se trouvent dans la bande de Gaza, y compris 14 000 employés de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), seront ensuite en mesure de la distribuer.

« Deuxièmement, nous devons être en mesure d’atteindre les gens en toute sécurité », a insisté M. Griffiths, rappelant que le droit humanitaire international fait l’obligation aux organisations humanitaires de fournir de l’aide là où les gens s’estiment être en sécurité.

« Ces deux choses doivent être clarifiées, confirmées et j’espère que cela se produira dans les prochains jours afin que nous puissions démarrer ce programme d’aide essentiel », a expliqué Martin Griffiths, qui se trouve au Caire depuis mardi pour négocier avec les autorités égyptiennes.

M. Griffiths a souligné que l’ONU s’assurera que l’aide ira uniquement aux civils et non au mouvement islamiste Hamas qui contrôle Gaza.