De fausses nouvelles et des images tirées d’autres conflits sont devenues virales sur les réseaux sociaux depuis l’attaque meurtrière du Hamas samedi en Israël. Le Canada est « particulièrement vulnérable » depuis que Meta y bloque le contenu des médias, note un expert.

Enfants en cage et autres images attribuées à la mauvaise source

Depuis l’attaque terroriste du Hamas, samedi, des images horribles présentées comme émanant d’Israël et de Gaza sont devenues virales sur le web. Si les images relayées par les médias établis sont authentiques, de nombreux autres documents cherchent à tromper. Par exemple, une vidéo difficile à regarder montre des enfants enfermés dans des cages, laissant croire qu’il s’agit d’enfants israéliens enlevés et détenus à Gaza. Le compte FakeReporter, qui traque les fausses nouvelles sur X, a noté que ces images avaient été publiées, puis effacées, une première fois sur TikTok plusieurs jours avant le début de l’attaque de samedi. « Nous ne savons pas d’où elles proviennent », écrit le compte.

IMAGE TIRÉE DE X

Images de fausses nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux au lendemain des attaques en Israël

Fausse nouvelle sur le festival de musique

Le massacre commis par le Hamas et qui a fait plus de 260 victimes dans un festival de musique samedi dans le sud d’Israël a lui aussi été mis en doute sur les réseaux sociaux. Sur X, des utilisateurs ont laissé entendre que des soldats israéliens étaient sur place et avaient ouvert le feu, ce qui a été démenti par des journalistes sur place et par les récits des témoins. X est aussi accusé par des utilisateurs d’avoir relayé de fausses déclarations attribuées à la Maison-Blanche et à l’ambassade des États-Unis en Israël, des commentaires antisémites de même que des images d’anciens conflits qui sont présentées comme des images du conflit actuel. Le grand patron de X, Elon Musk, a même suggéré dans un message à ses 159 millions d’abonnés de consulter deux « bons » comptes d’utilisateurs pour suivre le conflit en temps réel. Des utilisateurs ont vite remarqué que ces comptes diffusaient de fausses nouvelles et des propos antisémites.

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Images de fausses nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux au lendemain des attaques en Israël

Le Canada particulièrement vulnérable

Selon Jean-Hugues Roy, professeur de l’École des médias de l’UQAM, les réseaux sociaux baissent la garde et laissent circuler du contenu qui vise à tromper. « Beaucoup de chercheurs qui se penchent sur la question disent que c’est pire que jamais. Le réseau X faisait auparavant un très bon travail pour filtrer les fausses nouvelles. Depuis le rachat par Elon Musk, il ne le fait plus, ou alors beaucoup moins. » M. Roy note que le problème est amplifié au Canada depuis que Meta y empêche la diffusion de contenu de nouvelles journalistiques. « Meta bloque les sources fiables d’information, et Google menace maintenant de faire la même chose. Qu’est-ce qu’il va rester ? Pour bien des gens, la réalité, c’est ce qu’ils voient sur leur téléphone. Alors ils vont voir des contenus dont la valeur va être corrélée à la viralité. Et donc, dans ce contexte, le Canada est particulièrement vulnérable aux fausses nouvelles. C’est ça qui me fait peur, et cette crise en est un exemple. »

L’Union européenne ouvre une enquête sur X

Jeudi, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête visant le réseau social X pour la diffusion présumée de « fausses informations », de « contenus violents et à caractère terroriste » et de « discours de haine », dans la foulée des attaques en Israël. Pour Bruno Guglielminetti, animateur de la balado d’actualité numérique Mon carnet, c’est une « bonne nouvelle » de voir l’Union européenne agir si rapidement. « L’UE a décidé de mettre ses culottes. On voit un groupe de pays qui en a assez, et on remarque que ça ne vient pas des États-Unis ou du Canada, mais de l’Europe. » Entrée en vigueur le 25 août, la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) prévoit une amende de 6 % du chiffre d’affaires, ou une interdiction d’opérer sur le territoire de l’UE, pour un réseau social qui faillirait à la tâche de modération des contenus. « Cette loi a du mordant, elle peut avoir un impact direct sur les revenus des réseaux sociaux », dit M. Guglielminetti.

La Russie désinforme

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Images de fausses nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux au lendemain des attaques en Israël.

Lundi, l’ancien président russe Dmitri Medvedev a écrit sur X : « Eh bien, amis de l’OTAN, vous l’avez vraiment compris, n’est-ce pas ? Les armes remises au régime nazi en Ukraine sont désormais activement utilisées contre Israël. » Sur X et Telegram circulait un faux dossier de la BBC affirmant que des armes payées par l’OTAN destinées à l’Ukraine s’étaient retrouvées entre les mains du Hamas. La BBC a dit n’avoir rien publié de tel. Plus tôt cette année, l’inspecteur général du Pentagone a déclaré qu’il n’existait aucune preuve que des armes et de l’aide destinées à l’Ukraine avaient été détournées. En plus d’ouvrir une enquête sur X, l’Union européenne a enjoint cette semaine à Meta et TikTok de renforcer leurs efforts de modération des contenus liés au conflit.