Le sénateur indépendant du Connecticut (à droite sur la photo) avait déjà promis de se joindre aux républicains pour faire obstacle à tout projet de loi sur la réforme du système de santé incluant une «option publique» (la création d'un régime d'assurance santé public qui concurrencerait les assureurs publics). Face à cette attitude, dix sénateurs démocrates - cinq «libéraux» et cinq modérés - ont trouvé la semaine dernière un compromis qui permettrait à certains Américains âgés de 55 à 64 ans de souscrire au programme Medicare destiné aux personnes âgées.

Après avoir émis des réserves sur cette idée qu'il a déjà défendue au sein du ticket Gore-Lieberman, l'ex-candidat à la vice-présidence a fait savoir hier au chef de file de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, qu'il s'opposerait non seulement à une telle solution mais également qu'il participerait à filibuster des républicains pour empêcher la chambre haute de voter sur la réforme.

La volte-face de Lieberman, si elle se confirme, met en péril la réforme du système de santé et pousse Ezra Klein à se demander ce que veut vraiment Lieberman. Sa réponse : torturer les progressistes. Pourquoi? Parce que Lieberman n'a pas encore digéré le fait que ceux-ci aient appuyé son challenger démocrate Ned Lamont lors de la course sénatoriale de 2006 au Connecticut.

Comme on peut le lire ici, Reid risquerait de perdre l'appui de sénateurs progressistes s'il dilue davantage la réforme du système de santé pour plaire à Lieberman.