Les documents publiés hier par le site WikiLeaks ne contiennent aucune révélation majeure ni preuve béton sur la collusion entre les services de renseignement pakistanais (ISI) et les insurgés afghans, seulement une montagne de soupçons, certains plus crédibles que d'autres, comme le souligne le quotidien britannique The Guardian dans ce compte-rendu.

Loin de moi l'intention de minimiser l'action de WikiLeaks, dont le combat pour la transparence est louable, mais il faut reconnaître que les soupçons sur la duplicité de l'ISI ne datent pas d'hier. Un lecteur de ce blogue m'a d'ailleurs envoyé la transcription d'une entrevue fort intéressante réalisée en 2006 par l'émission Frontline de PBS avec Peter Tomsen, ex-ambassadeur de George Bush père auprès de la résistance afghane (de 1989 à 1992), dans laquelle celui-ci remonte à la source des relations entre l'ISI et les talibans (il évoque également les liens de la CIA avec les islamistes afghans). Je cite un extrait de l'entrevue où Tomsen expliquait pourquoi le Pakistan ne semble pas intéressé à mettre un terme à ses relations avec un des leaders de l'insurrection afghane (merci à bilomi pour la traduction) :

Probablement la raison principale est qu'ils voient encore Hekmatyar comme un allié. Plusieurs, je crois, au sein de l'armée pakistanaise et de l'ISI pensent que les États-Unis ne sont pas la pour la durée et vont quitter à nouveau la région, ce qui ouvrira la voie au Pakistan pour renforcer la dynamique islamiste en Afghanistan et y réétablir une sphère d'influence tout comme c'était le cas sur la plupart du territoire afghan durant la période talibane.

À la lecture des documents, le New York Times a par ailleurs pu illustrer de façon poignante ce qui semble être la futilité de la mission américaine dans un article qui relate les espoirs et les déboires des soldats déployés dans un avant-poste situé dans la province de Nuristan, où huit d'entre eux sont morts le 3 octobre 2009 dans une bataille contre des insurgés locaux.

(Photo Reuters)