D'abord, les grandes lignes de l'entente bipartite conclue entre le sénateur démocrate de Virginie-occidentale Joe Manchin et son collègue républicain de Pennsylvanie Patrick Toomey, telles que présentées par l'AFP dans cet article :

Le nouveau texte sur lequel les sénateurs voteront à partir de jeudi rendrait obligatoires les vérifications des antécédents judiciaires et psychiatriques, auprès d'un fichier du FBI, pour les ventes d'armes sur internet et dans les foires spécialisées, deux circuits devenus des voies privilégiées d'écoulement des armes aux États-Unis (40% des ventes actuelles).

... le compromis va moins loin que ce que les démocrates et Barack Obama envisageaient après la fusillade de l'école Sandy Hook à Newtown, en décembre, quand 26 personnes ont été tuées dans une école: les transferts d'armes «personnels», entre amis ou au sein d'une famille, seront exemptés.

L'entente bipartite semble éliminer la possibilité que les sénateurs républicains les plus radicaux, les Rand Paul, Ted Cruz et cie, réussissent à empêcher la tenue d'un débat sur un projet de loi sur les armes à feu (le test aura lieu demain lorsque le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, déposera une motion pour lancer de façon formelle le débat, une procédure nécessitant l'appui d'au moins 60 sénateurs sur 100).

Mais l'entente d'aujourd'hui ne garantit pas qu'un projet de loi sur les armes à feu émergera du débat, dont la clôture nécessitera une autre super majorité de 60 voix. Elle n'assure pas non plus qu'un projet de loi adopté par le Sénat survivra à la Chambre des représentants, où la National Rifle Association compte sur des alliés indéfectibles au sein de la majorité républicaine.

Parlant de la NRA, elle a réagi avec une certaine retenue à l'entente bipartite. Le puissant lobby des armes à feu ne s'est pas engagé à lutter contre le compromis, se contentant d'affirmer dans un communiqué que les vérifications des antécédents «ne préviendront pas la prochaine fusillade».

Dans un dossier remis aux journalistes, les sénateurs Manchin et Toomey ont tenu à préciser que leur projet ne «confisquera les armes de personne» et ne «créera pas de registre national» des propriétaires d'armes. Il s'agit d'une crainte souvent exprimée par les Américains enclins à souscrire aux théories de conspiration.