Fischer contre l'Université du Texas : il s'agissait d'une des quatre causes les plus importantes sur lesquelles la Cour suprême devait se prononcer cette semaine. Elle oppose Abigail Fischer, une étudiante blanche, à la plus prestigieuse des universités publiques du Texas. Fischer se dit victime de discrimination raciale après s'être vu refuser l'admission en 2008 dans cette institution malgré un dossier supérieur à ceux de candidats afro-américains.

En acceptant d'entendre cette cause, la plus haute juridiction américaine avait ouvert la porte à une remise en question du principe de discrimination positive, qui a contribué depuis les années 60 à la formation d'une classe moyenne noire aux États-Unis. Or, dans une décision rendue par sept voix contre une, elle a décidé de retourner la cause aux tribunaux de première instance.

Selon l'auteur de la décision, Anthony Kennedy, les tribunaux de première instance doivent soumettre les programmes de discrimination positive à un «examen rigoureux» (strict scrutinity) avant de conclure que ceux-ci sont constitutionnels. La majorité des juges de la Cour suprême ont conclu que cette condition n'avait pas été remplie dans le cas du programme de l'Université du Texas.

Les trois quarts des candidats de l'Université du Texas sont admis dans le cadre d'un programme qui permet aux 10% des meilleurs élèves de toutes les écoles secondaires de l'État d'accéder aux universités publiques de leur choix. Certaines de ces écoles ont de fortes majorités afro-américaines ou latinos. Au cours des dernières années, 25% des candidats admis en vertu de ce programme à l'Université du Texas ont été latinos et 6% afro-américains. Les Latinos représentent 38% de la population du Texas et les Afro-Américains, 12%.

Les autres candidats de l'Université du Texas sont admis en vertu de critères tenant compte non seulement des notes mais également de certains autres facteurs, dont l'ethnicité. Abigail Fischer ne faisait pas partie des 10% des meilleurs élèves de son école - elle a raté ce seuil de peu - mais elle estime qu'elle avait un dossier supérieur à certains candidats afro-américains qui ont été acceptés à l'Université du Texas.

L'Université du Texas a pour objectif d'assurer une «masse critique» d'étudiants issus des minorités au sein de ses classes. La Cour suprême continue de son côté à croire que la diversité raciale est un objectif légitime dans l'éducation supérieure et que l'ethnicité peut faire partie des facteurs d'admission. Mais elle exige désormais que les tribunaux de première instance examinent de façon plus rigoureuse les méthodes employées par ces institutions pour atteindre leurs objectifs.

La décision de la Cour suprême ne change donc rien pour le moment aux programmes de discrimination positive en place au Texas et dans les autres États américains. Mais elle pourrait mettre en péril certains de ces programmes, donc celui du Texas, qui sera de nouveau être examiné par une cour fédérale de La Nouvelle-Orléans.

Parmi les trois autres causes sur lesquelles la Cour suprême devrait se prononcer cette semaine, deux portent sur le mariage homosexuel. L'autre porte sur la loi sur le droit de vote.