Ce n'était vraisemblablement pas un poisson d'avril et certainement pas un message pascal : dans une nouvelle tirade sur Twitter contre le Mexique sur l'immigration, Donald Trump a notamment affirmé que des migrants tentaient de franchir la frontière sud pour profiter du programme DACA permettant à des jeunes immigrés clandestins arrivés illégalement avec leurs parents aux États-Unis d'y travailler sans craindre l'expulsion.

«Ces nuées de gens, ils essaient tous de profiter de DACA. PLUS D'ACCORD DACA», a gazouillé le président, qui a lui-même mis fin à ce programme créé par son prédécesseur (mais qui est toujours en vigueur à la suite de décisions de deux juges fédéraux).

Ce tweet aurait pu tomber dans la catégorie des poissons d'avril si le président avait plus tard rassuré ses abonnés que le scénario évoqué était impossible. Pourquoi? Parce que les clandestins éligibles au programme DACA doivent vivre aux États-Unis depuis le 15 juin 2007.

La diatribe pascale de Donald Trump semble avoir été inspirée par un topo de Fox & Friends diffusé hier matin sur la marche à travers le Mexique de quelque 1500 migrants venus du Guatemala, du Salvador et du Honduras. «Des caravanes de migrants se dirigent vers les États-Unis», annonçait l'émission préférée du président.

Quelques minutes plus tard, Donald Trump publiait le premier de trois tweets sur l'immigration, menaçant de mettre fin à l'ALENA si le Mexique ne stoppait pas les «caravanes» de migrants.

«Le Mexique en fait très peu, si ce n'est RIEN, pour empêcher les gens d'entrer au Mexique par sa frontière sud, puis aux États-Unis. Ils rient de nos stupides lois d'immigration. Ils doivent arrêter le flot des gens et de drogues, ou je vais mettre fin à leur vache à lait, l'ALENA. BESOIN D'UN MUR!» a-t-il tonné.

Et d'ajouter dans un autre tweet: «Les garde-frontières n'ont pas le droit de faire leur travail correctement à la frontière à cause de lois progressistes [démocrates] ridicules. Cela devient plus dangereux. Les républicains doivent utiliser l'option nucléaire pour adopter des lois dures MAINTENANT. PLUS D'ACCORD DACA!»

L'option nucléaire fait allusion à l'abolition du filibuster au Sénat. Cette manoeuvre parlementaire permet à une minorité de 40 sénateurs de bloquer l'examen de la plupart des projets de loi.

La fin de DACA exposerait à l'expulsion quelque 700 000 jeunes immigrés arrivés illégalement avec leurs parents aux États-Unis avant l'âge de 16 ans. Faute d'une entente au Congrès, le programme devait prendre fin le 6 mars dernier. Or, deux juges fédéraux se sont prononcés contre son abrogation. L'affaire continue à être débattue devant les tribunaux.

Comme on peut le constater dans la vidéo qui coiffe ce billet, Donald Trump est revenu sur la question du programme DACA avant d'aller à l'église hier avec sa femme Melania et sa fille Tiffany.