Les habitants de La Nouvelle-Orléans, qui avaient fui en masse l'arrivée de l'ouragan Gustav, redoutant une réédition de la catastrophe de Katrina en 2005, commençaient mercredi à rentrer chez eux après la levée de l'ordre d'évacuation.

Deux jours après le passage du féroce ouragan sur la côte sud des États-Unis et 12 heures plus tôt que prévu, le maire de la «cité du jazz», Ray Nagin, a annoncé la levée de l'ordre d'évacuation de la ville, autorisant les habitants à rentrer chez eux. Il a indiqué que ceux qui avaient commencé à rentrer étaient autorisés à le faire.

«Tous les barrages sur les principaux axes routiers ont été levés», a indiqué pour sa part un membre de la police de l'État, Joe Piglia. «La circulation est peu importante et je pense que tout a été résolu».

Le directeur de l'agence fédérale de gestion des situations de crise (FEMA), David Paulison, a toutefois exhorté les quelque 2 millions de Louisianais évacués à ne pas rentrer trop tôt.

«Nous appelons les gens à ne pas rentrer avant de s'assurer que leur communauté dispose de l'electricité, de l'eau et des évacuations sanitaires, et tout ce genre de choses qu'il faut pour survivre», a dit M. Paulison alors qu'il accompagnait sur place à Baton Rouge, le président George W. Bush.

M. Bush, dont l'administration avait été sévèrement critiquée il y a trois ans pour la lenteur de sa réaction après le passage de Katrina, a tenu à se rendre très rapidement en Louisiane pour constater les dégâts.

Il avait déclaré mardi la zone en situation de «désastre majeur», ce qui permet de débloquer des fonds fédéraux pour la reconstruction. Il a également annoncé que les États-Unis allaient sortir 250 000 barils de pétrole de leurs réserves stratégiques pour faire face aux perturbations dans l'approvisionnement causées par Gustav.

Mercredi, dans la banlieue proche de La Nouvelle-Orléans, Renie «Jack» Wen entassait de la viande dans une gigantesque glacière dans son petit supermarché familial, Sam's Super Meat Market, en espérant qu'elle ne serait pas avariée.

«Nous voulons nous battre pour notre communauté», a-t-il déclaré à l'AFP, visiblement marqué par la forte chaleur et l'humidité. «Ils reviennent. Ils vont avoir besoin de nourriture», a-t-il ajouté, en enlevant avec sa femme Yan Li et leur fils Qiushi, les plaques de contre-plaqué qui protégeaient les fenêtres du magasin.

«J'avais besoin de vacances. Mais pas comme ça», s'est exclamé pour sa part Leonard Bradly en retrouvant son commerce de pneus, après quatre jours d'exode. «Cela fait du bien d'être à la maison», a-t-il affirmé.

Le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal a appelé à la vigilance. Il a indiqué que des soldats de la Garde nationale avaient échangé des coups de feu avec des pillards qui ont réussi à s'enfuir.

«Si vous n'êtes pas obligés de sortir la nuit, ne le faites pas», a-t-il conseillé.

Quatre personnes ont été tuées dans des accidents pendant l'évacuation, décrite par les médias comme la plus vaste de l'histoire du pays, tandis que trois malades sont morts pendant leur transfert. L'ouragan avait fait une centaine de morts dans les Caraïbes.

En 2005, Katrina avait provoqué la mort de quelque 1800 personnes en Louisiane et dans les États voisins, et fait d'énormes dégâts matériels.

Côté pétrole, si la production d'or noir de la zone restait interrompue, les installations pétrolières avaient, semble-t-il, bien résisté au passage de l'ouragan.

Les autorités américaines surveillaient mercredi trois autres tempêtes tropicales qui pourraient toucher les côtes des États-Unis. Hanna, qui a fait au moins 26 morts en Haïti, devait redevenir un ouragan jeudi ou vendredi, avant d'atteindre la Caroline du Sud samedi, selon le Centre national des ouragans (NHC), basé à Miami. Ike devrait se transformer en ouragan dans la journée, en se dirigeant vers Cuba, voire la Floride, tandis que Josephine devrait s'affaiblir.