Le président américain George W. Bush quitte lundi Washington pour un voyage d'une semaine en Asie conjuguant l'excitation de ses premiers Jeux olympiques d'été en Chine et le sérieux d'entretiens politiques qui commenceront en Corée du Sud.

Ce qui est probablement sa tournée d'adieux à l'Asie le conduira jusqu'au 11 août en Corée du Sud, où il est attendu mardi soir, en Thaïlande, où il se rendra mercredi après-midi, et en Chine à partir de jeudi soir.

Sur la route de Séoul, M. Bush devait faire escale en Alaska et s'adresser aux soldats de la base militaire Eielson pour les «remercier», selon la Maison Blanche, des services rendus au pays en temps de guerre.

Passionné de sport, il ne cache pas son exaltation à l'idée de suivre certaines des compétitions olympiques. Mais son neuvième voyage en Asie a suscité la controverse avant même d'avoir commencé.

Cela est dû à l'attention amplifiée portée à l'état des libertés en Chine. Elle a placé M. Bush dans une situation délicate, entre les appels des défenseurs de droits de l'homme à utiliser la formidable exposition médiatique des Jeux pour adresser un message fort aux dirigeants chinois, et les appels de ces derniers à ne pas «politiser» l'événement.

L'étape sud-coréenne n'a pas davantage échappé à la polémique.

Il paraissait entendu que M. Bush se rendrait en Corée du Sud en juillet, sur la route ou au retour du Japon et du sommet des pays industrialisés.

Mais la Maison-Blanche avait préféré le reporter en raison de manifestations massives contre le jeune gouvernement du président Lee Myung-Bak, critiqué pour ses politiques conservatrices et sa décision de lever l'embargo sur les importations de boeuf américain en particulier.

Séoul a obtenu de nouveaux arrangements sanitaires avec Washington, et une cargaison de boeuf est arrivée mardi en Corée du Sud, pour la première fois depuis décembre 2003 et l'interdiction des importations décrétée par peur de la maladie de la vache folle.

La tension est retombée. Mais le gouvernement sud-coréen reste accusé de faire la part belle aux intérêts américains et de nouvelles manifestations sont attendues pour la venue de M. Bush.

Pour ne rien arranger, juste avant la visite, une organisation gouvernementale américaine a mis le gouvernement sud-coréen en émoi en changeant la désignation d'un archipel dont Séoul et Tokyo se disputent la souveraineté, de territoire sud-coréen à territoire à «souveraineté non désignée».

M. Bush est promptement intervenu pour rétablir le statu quo ante.

Dennis Wilder, un haut collaborateur de M. Bush, a dit «douter fortement» que les manifestations et l'imbroglio sur les îles «jettent une ombre sur la visite». «L'une des choses que les gens oublient dans tout ça», dit-il, «c'est la fermeté et la force avec laquelle les Sud-Coréens croient en la relation avec l'Amérique».

Le nucléaire nord-coréen devrait prendre une place primordiale dans les discussions de MM. Bush et Lee.

Le séjour de M. Bush coïncidera en effet avec les derniers jours du délai imparti à la Corée du Nord pour accepter un protocole de vérification de l'inventaire de ses activités nucléaires. Cette période est censée expirer le 11 août.

MM. Bush et Lee devraient aussi discuter de libre-échange et de la présence militaire américaine en Corée du Sud.

L'embargo sur le boeuf passait pour l'un des obstacles à la ratification d'un accord de libre-échange qui serait le plus important pour les Etats-Unis depuis celui entré en vigueur avec le Canada et le Mexique en 1994.

«J'ai dit au président (Lee) que je ne veux pas faire de promesse, si ce n'est que je vais pousser aussi dur que possible pour qu'on y arrive avant que je ne quitte la présidence», a dit M. Bush, qui cèdera la place dans le Bureau ovale en janvier 2009, avant son départ.

En fait, une ratification paraît mal engagée, ne serait-ce qu'à cause des élections américaines.