Les Émirats arabes unis ont annulé la dette de l'Irak estimée à sept milliards de dollars et nommé un ambassadeur à Bagdad, dans deux gestes de solidarité qui ont salué le début de la visite à Abou Dhabi du premier ministre irakien Nouri al-Maliki.

«L'annulation de la dette témoigne de la solidarité entre nos deux pays et vise à aider le gouvernement irakien à engager la reconstruction», a déclaré le président des Émirats, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, lors de sa rencontre avec M. Maliki, selon l'agence officielle Wam.

Les Émirats ont annulé la dette irakienne et son service, estimés à «un peu moins de 7 milliards de dollars» par une source officielle à Abou Dhabi.

Cheikh Khalifa a espéré que cette mesure «allégera les charges financières du gouvernement irakien» et affirmé que son pays n'«hésitera pas à soutenir moralement et matériellement l'Irak».

Lui répondant, M. Maliki s'est dit satisfait du geste des Émirats qui, a-t-il souligné, «aidera les finances irakiennes et le processus de rétablissement de la sécurité et de la stabilité» dans le pays.

Le premier ministre a demandé à plusieurs reprises lors de conférences internationales l'annulation de la dette de l'Irak et des sanctions datant du régime de Saddam Hussein.

La stabilité est essentielle pour la renaissance de l'Irak, a estimé en substance le président des Émirats, tout en notant, selon l'agence Wam, une amélioration de la sécurité dans le pays.

Il a appelé à aider l'Irak par «tous les moyens pour atteindre cet objectif», faisant remarquer que «l'État des Émirats, conscient de la nécessité d'ancrer l'Irak dans son environnement arabe, a pris l'initiative de rouvrir son ambassade à Bagdad».

Un mois après avoir pris cette décision, annoncée lors d'une visite à Bagdad de son chef de la diplomatie, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, les Émirats ont annoncé la nomination d'un ambassadeur dans la capitale irakienne.

«Le Conseil des ministres a approuvé au cours de sa réunion tenue dimanche à Abou Dhabi la nomination d'Abdallah Ibrahim al-Shehi au poste d'ambassadeur à Bagdad et le gouvernement irakien y a donné son accord», a déclaré un responsable à l'AFP, précisant que M. Shehi était actuellement ambassadeur à New Delhi.

L'initiative des Émirats de renvoyer un ambassadeur à Bagdad avait été saluée début juin par les autorités de Bagdad comme un «nouveau départ» pour les relations de l'Irak avec les pays arabes.

Aucun ambassadeur arabe n'est présent dans la capitale irakienne en raison de l'insécurité qui y a prévalu depuis des mois. Des représentations arabes y sont toutefois toujours ouvertes.

Les Émirats avaient rappelé en mai 2006 leur plus haut représentant à Bagdad, un chargé d'affaires, après l'enlèvement d'un diplomate émirati par des insurgés. Ce dernier avait été libéré au bout de deux semaines.

Washington a fait pression sur ses alliés arabes pour qu'ils normalisent leurs relations avec l'Irak, afin de renforcer le pouvoir de son gouvernement à majorité chiite et contrebalancer l'influence de l'Iran, accusé d'ingérences chez son voisin irakien.

Selon Bagdad, le roi Abdallah II de Jordanie se rendra en Irak la semaine prochaine, dans ce qui serait la première visite d'un chef d'État arabe depuis l'invasion qui a renversé en 2003 Saddam Hussein.

La Jordanie a annoncé avoir nommé un ambassadeur en Irak, où son ambassade était dirigée par un chargé d'affaires depuis un attentat meurtrier en 2003.

Les monarchies arabes sunnites de la région étaient réticentes à resserrer leurs liens avec l'Irak, non seulement à cause de l'insécurité dans le pays mais aussi parce que son gouvernement est dominé par les chiites.