Des dirigeants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) auraient touché des millions de dollars pour libérer leur otage Ingrid Betancourt et ses 14 compagnons, a affirmé vendredi la Radio Suisse Romande (RSR) citant une source «proche des événements».

«Les 15 otages ont en réalité été achetés au prix fort, après quoi toute l'opération a été mise en scène», a rapporté la radio publique dans son journal de la mi-journée, citant «une source proche des événements, fiable et éprouvée à maintes reprises ces dernières années».

La Suisse a été chargée ces dernières années avec l'Espagne et la France, par le président colombien Alvaro Uribe, d'une mission de médiation avec les FARC.

Quelque 20 millions de dollars ont été versés aux ravisseurs, a assuré la RSR, précisant que les États-Unis, dont trois agents ont été libérés mercredi, étaient «à l'origine de la transaction».

Selon la RSR, c'est l'épouse de l'un des gardiens des otages qui a servi d'intermédiaire pour la transaction, après avoir été arrêtée par l'armée colombienne. Réintégrée au sein des FARC, elle a obtenu de son mari qu'il change de camp, a expliqué la radio.

La «mise en scène» de la libération des otages permet selon la radio suisse au président Uribe «de s'en tenir à sa ligne qui exclut toute négociation avec les rebelles tant que les otages ne sont pas libérés».

«Ce coup d'éclat lui permet de redorer son blason» alors qu'il a demandé l'organisation d'une élection présidentielle anticipée, selon la RSR.

Le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos, a expliqué mercredi que la libération des otages avait été le fruit de l'infiltration d'un agent de renseignements au sein de la direction de la guérilla.

Ce militaire est parvenu à rassembler les 15 otages (Ingrid Betancourt, trois Américains et onze Colombiens), détenus jusque-là séparément en trois groupes, dans un lieu où ils ont été récupérés par un hélicoptère de l'armée colombienne, sous le prétexte de les remettre au chef des FARC, Alfonso Cano, selon la version officielle.