L'échec du sommet de Copenhague sur le climat a humilié l'Union européenne, dont les gouvernements sont divisés sur l'opportunité d'accroître à présent leur offre de réduction d'émissions à l'horizon 2020 en vue des négociations prévues cette année.

Une réunion ce week-end à Séville en Espagne des ministres européens de l'Environnement a permis de dresser un premier bilan.

Le diagnostic est préoccupant et le sujet sera l'un des deux grandes priorités du prochain sommet des dirigeants européens le 11 février, pour tenter de resserrer les rangs.

«Il y a clairement deux familles de pensée», a reconnu le ministre français Jean-Louis Borloo, inquiet du fait qu'il n'y ait «plus de pilote» au sein de l'UE pour relancer la dynamique.

«La Commission européenne est en affaire courantes» car l'équipe actuelle attend d'être remplacée début février, et la présidence de l'UE «a d'autres préoccupations» avec la crise économique, a-t-il déploré.

Plusieurs pays insistent pourtant pour maintenir la proposition de l'UE de porter son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 de 20% à 30%, à condition que les autres grands pays industrialisés fassent des efforts comparables.

Objectif: montrer l'exemple et arracher un accord ambitieux et contraignant en décembre au Mexique.

La France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la Belgique sont sur cette ligne. «Ce serait un signal fort», ont expliqué le Britannique Ed Miliband et l'Allemand Norbert Röttgen.

Toutefois, «pas question de faire exploser l'Europe pour ça», a mis en garde Jean-Louis Borloo. «Il n'est pas question d'aller à 30% à l'aveugle. Personne n'accepterait cela».

Car un groupe de pays freine et juge que l'UE a déjà beaucoup fait en s'imposant de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% unilatéralement et sans contreparties.

L'Italie et la Pologne sont en pointe sur la question avec la Hongrie et l'Autriche, dans un contexte de crise économique et de déficits galopants.

Les pays industrialisés doivent formaliser leurs engagements pour le 31 janvier.

«L'Union européenne inscrira 20%» seulement, a dit le Belge Paul Magnette.

«Il faut voir ce que vont présenter les autres pays industrialisés, notamment les Etats-Unis, et surtout s'ils vont présenter quelque chose», a souligné Jean-Louis Borloo.

En l'état, les Etats-Unis, principal pays émetteur de gaz a effet de serre, proposent de les réduire de 3% par rapport à leurs niveaux de 1990, date de référence pour l'effort international, ce qui est jugé insuffisant par les Européens.

«Un débat aura lieu en mars, sur la base d'une étude de comparabilité des offres des autres pays développés, sur la possibilité de porter cet effort à 30%», a dit Paul Magnette.

Ce débat sera crucial, car il déterminera la stratégie d'action de l'UE en vue de la conférence sur le climat de décembre.

«L'UE doit retrouver un rôle de meneur», a lancé la secrétaire d'Etat espagnole chargée du Climat Teresa Ribeira. «Pour cela, elle devra d'abord rétablir la confiance avec ses autres partenaires et faire preuve de crédibilité», lui a répondu l'Allemand Jo Leinen, président de la commission environnement du Parlement européen.

Selon Jean-Louis Borloo, l'urgence immédiate est la mise à disposition de l'aide financière promise à Copenhague pour aider les pays les plus pauvres à lutter contre le réchauffement dès cette année: «Si ça ne démarre pas, cela veut juste dire pas de solidarité mondiale et sans solidarité mondiale, vous pouvez faire toutes les réunions que vous voudrez derrière, il ne se passera plus jamais rien».