Le maire de Huntingdon Stéphane Gendron est prêt à vendre son eau à l'industrie du gaz de schiste, qui pourrait selon lui aider sa municipalité à se relever de la disparition de l'industrie textile.

«On a une des usines de filtration parmi les plus puissantes en Montérégie, a-t-il dit devant le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). On a une capacité de 20 millions de litres par jour et on en donnait pratiquement 15 millions à l'industrie textile. La même chose pour l'épuration. Il est évident que l'usine de traitement de la Ville pourrait être mise à contribution.»

Le maire veut par contre que le gouvernement donne un droit de veto aux villes sur l'exploitation du gaz de schiste de leur territoire.

«J'espère qu'on appliquera le principe de la double autorisation, du gouvernement et de la ville, a-t-il dit. Il faut qu'on puisse freiner ce développement si on n'en veut pas. Je ne voudrais pas qu'on répète l'erreur de la mine Osisko à Malartic. Dans ce dossier on traité les gens comme du bétail. Si collectivement, les gens n'en veulent pas, il faut les respecter.»

Il réprouve le «vol organisé de nos ressources naturelles». «Il faut une redevance pour les municipalités, il faut qu'une partie de la richesse collective, pour réinvestir dans le réseau social. Chez nous le revenu est de 17 000$ par personne, c'est très pauvre.»

Il compte sur le gouvernement pour bien réglementer l'industrie et épauler les citoyens dans leurs négociations avec l'industrie.

Fidèle à son personnage, M. Gendron a causé un esclandre en critiquant les personnes qui signaient des pétitions pour s'opposer au développement de la filière gazière.

«On est un peuple de caribous, on se précipite pour signer des pétitions», a-t-il dit.

Plusieurs citoyens présents se sont indignés.

«Je me sens totalement offusqué», a lancé Michel St-Pierre, un citoyen qui venait de présenter un mémoire appuyant le développement des énergies renouvelables et qui avait conclu sa présentation en pressant les gens de signer une pétition contre le gaz de schiste sur le site de l'Assemblée nationale.

«M. Gendron n'a pas visé une personne en particulier, a jugé le président de la commission du BAPE, Pierre Fortin. Le droit le plus légitime en démocratie est de s'exprimer.»