(Washington) Une vidéo mentionnant un « Reich unifié », une terminologie évoquant l’Allemagne nazie, a été retirée mardi de l’un des comptes du réseau social de Donald Trump, après avoir suscité de très vives critiques du camp démocrate.

« Cet homme parle la langue d’Hitler, pas la langue de l’Amérique », a réagi le président démocrate Joe Biden, qui affrontera son prédécesseur républicain à l’élection présidentielle en novembre.

Donald Trump « est obsédé par une seule chose : avoir perdu en 2020. Ça l’a détraqué », a aussi dit le démocrate de 81 ans, pendant une rencontre avec des donateurs démocrates à Boston (nord-est).

« Venant de l’ancien président, ce genre de rhétorique n’a rien de surprenant, c’est abject », a commenté pour sa part la vice-présidente Kamala Harris.

« Pourquoi lui a-t-il fallu si longtemps ? » a par ailleurs réagi un porte-parole de campagne du duo démocrate, James Singer, qui a compté que la vidéo était restée en ligne pendant 19 heures sur Truth Social, le réseau du candidat républicain.

« Que se passera-t-il après la victoire de Donald Trump ? A quoi s’attendre pour l’Amérique ? » s’interroge la voix off de cette vidéo de 30 secondes, publiée par le compte de Donald Trump sur sa plateforme, étalant des titres de presse imaginaires en cas de victoire du magnat de 77 ans en novembre.

Alors que des journaux titrent « L’économie est en plein essor ! » ou encore « La frontière est fermée », un titre de presse fictif fait état de « la création d’un Reich unifié ».

Le mot « Reich » est généralement utilisé pour faire référence à l’Allemagne nazie.

Erreur

L’équipe de campagne de Donald Trump a assuré qu’il s’agissait d’une erreur externe et fortuite.

« Il ne s’agissait pas d’une vidéo de campagne, elle a été créée par un compte parmi d’autres en ligne et republiée par un employé qui, clairement, n’a pas vu le mot (Reich), alors que le président se trouvait au tribunal », a déclaré à l’AFP une porte-parole de l’équipe de campagne du républicain, Karoline Leavitt.

Aucune référence au nazisme n’est par ailleurs visible dans la vidéo. Sur ces images, qui agrègent à l’arrière-plan des extraits de texte flous ayant l’apparence d’articles de journaux, des allusions à la Première Guerre mondiale sont faites.

Les partisans de Joe Biden assurent au contraire que ce dernier incident ne doit rien au hasard.

Faisant référence à des déclarations et actions passées de Donald Trump, un porte-parole de l’exécutif américain, Andrew Bates, a jugé mardi qu’il était « tout aussi honteux de dîner avec des nazis » ou « de prétendre qu’Hitler avait “fait de bonnes choses” ».

« Vermine »

Le fait que le républicain « mette en ligne une vidéo sur un “Reich unifié” s’inscrit dans la droite ligne de ses éloges de dictateurs et de la rhétorique antisémite dont il s’est fait l’écho. Il menace notre démocratie », a attaqué James Singer, membre de l’équipe de campagne du président démocrate.

Donald Trump explique régulièrement que son rival Joe Biden n’a pas réussi à endiguer l’antisémitisme aux États-Unis dans le contexte de la guerre opposant Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

L’ancien président républicain a recours dans sa campagne à une rhétorique souvent violente et à des termes associés aux idéologies fascistes, notamment lorsqu’il désigne ses opposants politiques comme de la « vermine » ou lorsqu’il reproche aux immigrants d’« empoisonner le sang » des États-Unis.

En 2017, alors en poste à la Maison-Blanche, Donald Trump avait qualifié de « gens très bien » des personnes impliquées dans des affrontements entre anti-racistes et néo-nazis à Charlottesville, en Virginie (est), et ce dans les deux camps.