Stormy Daniels a témoigné mardi au procès de Donald Trump, décrivant sa rencontre en 2006 avec l’homme d’affaires et la relation sexuelle qui a suivi – qu’il nie. La défense s’est opposée plusieurs fois à des détails explicites, dans un procès qui vise à établir si l’ancien président a falsifié des documents à la suite de cette histoire.

Une relation liée à l’accusation

La relation entre Donald Trump et Stephanie Clifford, mieux connue sous son nom d’actrice porno Stormy Daniels, est étroitement liée à l’accusation. Ce serait pour la faire taire que l’homme d’affaires lui aurait versé 130 000 $ US, en pleine campagne électorale en 2016, par l’entremise de son avocat Michael Cohen. Il aurait ensuite inscrit ces frais comme des dépenses juridiques de son entreprise, un acte illégal. M. Trump affirme ne pas avoir eu de relation sexuelle avec elle et nie lui avoir versé de l’argent.

Rencontre en 2006

Stormy Daniels a relaté sa rencontre avec M. Trump, alors âgé de 60 ans, en marge d’un tournoi de golf en 2006. Elle avait 27 ans. Un garde du corps lui a transmis une invitation pour souper avec l’homme d’affaires, plus particulièrement connu à cette époque pour son émission de téléréalité The Apprentice, a-t-elle raconté.

Dans la chambre d’hôtel « trois fois grande comme [son] appartement », il l’a accueillie vêtu d’un « pyjama de soie ou de satin » et ils ont eu une conversation, notamment sur le fait que sa femme et lui, mariés depuis un an, faisaient chambre à part. En sortant de la salle de bains, elle a trouvé l’homme dévêtu sur le lit, a-t-elle poursuivi. « J’ai fini par avoir une relation sexuelle avec lui », a-t-elle dit, après avoir souligné le « rapport de force déséquilibré ».

Si elle a affirmé ne pas s’être sentie menacée physiquement ou verbalement, elle a précisé que Donald Trump lui bloquait le passage vers la sortie.

Elle a témoigné de son malaise physique, avant et après la relation.

Gare aux détails

En début de journée, la procureure Susan Hoffinger avait tenté d’apaiser la défense : il n’y aurait pas de description des parties intimes de l’ancien président. Mais ses questions et les réponses de Stormy Daniels, parfois explicites, ont tout de même soulevé de nombreuses objections de la défense. Le juge Juan Merchan en a retenu une bonne part et a demandé au témoin d’éviter les détails « non nécessaires ». Il a cependant rejeté la demande d’annulation du procès faite en après-midi par la défense, qui estimait les propos préjudiciables et non pertinents.

Le juge doit toujours soupeser la valeur d’une information relayée par un témoin avec le potentiel de préjudice pour l’accusé, rappelle dans une interview téléphonique James J. Sample, professeur de droit à l’Université Hofstra, dans l’État de New York. « Ce n’est pas un crime d’avoir une aventure extraconjugale ou même de négocier un paiement contre un silence, rappelle-t-il. C’est la falsification des documents qui est en cause ici. »

Tension dans la salle

« L’ambiance est anormalement tendue », a écrit sur le site du New York Times la journaliste Maggie Haberman, présente dans la salle d’audience bondée de journalistes. Donald Trump aurait été particulièrement attentif – lui qui a été source de moqueries pour avoir fermé les yeux à plusieurs moments de son procès, paraissant même assoupi par moments. Les propos de Stormy Daniels ont plutôt suscité des réactions : il a secoué la tête à quelques reprises et chuchoté à l’oreille de ses avocats, paraissant en colère.

PHOTO CURTIS MEANS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Donald Trump

La suite promet d’être exigeante pour le témoin.

En fin d’après-midi, au début de son contre-interrogatoire, l’avocate de la défense Susan Necheles a accusé l’ancienne actrice de mentir, laissant présager de la tension pour la suite de l’audience, jeudi.

Une enfance difficile

Avant d’être Stormy Daniels, l’actrice de pornographie, Stephanie Clifford était une enfant issue d’un milieu difficile de Baton Rouge, en Louisiane. Elle rêvait de devenir vétérinaire, a-t-elle raconté. Si elle a commencé à danser dans un club de strip-tease, c’était d’abord par nécessité.

Cet aspect de son témoignage en début de journée n’est pas anodin, selon M. Sample : il vise à l’humaniser devant les membres du jury. « Des jurés pourraient sous-estimer ou ne pas croire une femme qui a choisi de faire carrière dans l’industrie du film adulte, de poser nue, de danser nue, ce ne sont pas des décisions qui sont généralement vues de façon favorable, note-t-il. La procureure essaie de la présenter comme un être humain entier. »

Avec l’Associated Press et The New York Times