(Scranton) Sur le terrain et non au tribunal, auprès de la classe ouvrière et non proche des riches… En campagne dans sa ville natale de Scranton, dans l’État-clé de Pennsylvanie, Joe Biden a tenté mardi de se démarquer de son opposant Donald Trump.

Le président américain, né en 1942 dans cette cité industrielle du nord-est, a appelé dans un discours à augmenter les impôts pour les plus riches et multiplié les piques à l’encontre du républicain, sans pourtant mentionner son procès historique en cours à New York.

« J’ai beaucoup appris ici à Scranton. J’ai appris que ce n’est pas l’argent qui détermine votre valeur », a-t-il lancé pour la première étape d’une tournée de trois jours en Pennsylvanie. « Les gens comme Donald Trump ont reçu des leçons très différentes […], comme si dire “vous êtes virés”, c’était quelque chose de drôle », a-t-il attaqué en référence à la phrase fétiche de l’ancien président lorsqu’il animait l’émission de téléréalité « The Apprentice ».

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La rue Biden, à Scranton

Cols-bleus

« Donald Trump regarde le monde autrement que vous et moi », a dit le démocrate, assurant que la campagne pour l’élection de novembre est une opposition entre « les valeurs de Scranton et les valeurs de Mar-a-Lago », la luxueuse résidence de Donald Trump en Floride.  

« Il se réveille le matin à Mar-a-Lago en pensant à lui-même, à la manière d’aider ses amis milliardaires à devenir encore plus puissants pour imposer leur programme extrême au reste d’entre nous », a encore attaqué Joe Biden.

Le président a visité sa maison natale, une bâtisse en bois peint, typiquement américaine, où l’attendait une foule qui l’acclamait. À l’entrée du jardin, un panneau « Biden Harris » de soutien à sa campagne.

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Le président a visité sa maison natale.

Le président s’est ensuite rendu dans les locaux d’un syndicat.

La reconquête de la classe ouvrière blanche est l’un des objectifs de la campagne du démocrate, une stratégie d’autant plus cruciale en Pennsylvanie, un des six États clés qui pourrait faire basculer le résultat de l’élection en novembre où le vote des cols-bleus est particulièrement important.

En amont de son déplacement, son équipe de campagne a publié une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle un ami d’enfance de Joe Biden affirme notamment que le président « n’a jamais oublié d’où il venait », dans cette ville « de gens de la classe moyenne, de travailleurs ».

C’est de cette Amérique-là qu’il aura besoin pour l’emporter en novembre, un électorat qui s’est pourtant plutôt tourné vers les républicains et Donald Trump ces dernières années, après des décennies de domination démocrate.  

Impôts

Lundi, le démocrate a rendu publique sa feuille d’impôts pour l’année 2023, déclarant avec sa femme des revenus d’environ 620 000 dollars annuels. Donald Trump a lui toujours refusé de rendre ces documents publics pendant qu’il occupait la Maison-Blanche.

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Joe Biden

Le milliardaire républicain est lui coincé au tribunal à New York, accusé d’avoir falsifié des documents pour cacher des paiements destinés à acheter le silence d’une ancienne vedette de films X.

« Je devrais être en ce moment même en Pennsylvanie et en Floride, dans beaucoup d’autres États, en Caroline du Nord, en Géorgie, en train de faire campagne », s’est désolé Donald Trump mardi matin dans les couloirs du tribunal en faisant porter à son successeur la responsabilité de ses ennuis judiciaires.

Toujours sans évoquer le procès de New York, Joe Biden s’en est aussi pris à son adversaire sur le thème de la démocratie, soulignant des propos qu’a tenus le milliardaire pour alerter les électeurs du danger qu’il représente à ses yeux.

« Il dit qu’il serait un dictateur pour son premier jour au pouvoir, il promet un bain de sang s’il venait à perdre, il est dans le déni de l’assaut du 6 janvier », a lancé mardi le démocrate en faisant référence à l’assaut du Capitole.

Le duel entre les deux hommes de 77 et 81 ans est même visible depuis la route pour rejoindre Scranton.

En sortant de l’autoroute arrivant de New York par la voie rapide « President Joe Biden » – baptisée en l’honneur de l’enfant du pays –, les automobilistes se retrouvent face à un semi-remorque entièrement décoré en l’honneur de Donald Trump, et trônant à l’entrée de la rue Biden.

Mais comme tant d’Américains lassés d’un match retour du duel de 2020, Joshua Davis, un local de 33 ans, n’est lui convaincu par aucun des candidats. « Quiconque sera élu représentera les intérêts des grandes entreprises », affirme-t-il.

Les sondages montrent le manque d’enthousiasme des électeurs à devoir choisir entre les deux candidats, deux des présidents les plus âgés de l’histoire des États-Unis.