Tom Boonen, miné par des problèmes personnels, traverse le Tour de France 2009 comme un fantôme, qui ne rappelle en rien le flamboyant maillot vert de 2007 ou même le vainqueur de Paris-Roubaix cette année.

«Oui, il me manque le déclic pour être compétitif dans un sprint», avoue le Belge de 28 ans, dont le meilleur résultat sur ce Tour 2009 est, pour l'instant, une seizième place à Saint-Fargeau mercredi.

Difficile, il est vrai, pour un sprinteur de haut niveau, d'être totalement concentré sur la course lorsqu'on vient de vivre ce que vient de vivre Boonen. En avril, d'abord, l'idole de la Belgique est contrôlé positif à la cocaïne, pour la deuxième fois en douze mois. L'affaire fait scandale, le Tour de France lui refuse dans un premier temps l'inscription, bien que la cocaïne ne soit pas interdite hors compétition par les règlements sportifs.

Rentabilité oblige, son équipe, la Quick Step, porte réclamation devant les tribunaux. «Les dommages sportifs et économiques pour l'équipe et les sponsors en cas d'absence de Tom dans la plus grande course de l'année seraient incalculables», lance le manageur, Patrick Lefevere.

Alors qu'il attend le verdict de la justice, Boonen se retrouve pris dans un autre scandale en juin: apparemment ivre, il est photographié en train de flirter avec une jeune femme lors d'une soirée.

Lore, sa compagne depuis des années, raconte à la presse belge: «Tom m'a tout expliqué le lendemain pour que je ne l'apprenne pas par la presse (...) Mes valises étaient déjà faites. Mais nous avons résolu le problème par le dialogue».

«Cette histoire, c'était pour moi plus grave que l'affaire de la cocaïne», confesse Boonen, «Lore est la personne la plus importante de ma vie».

Sourire désarmant

Bref, le coureur de 28 ans est visiblement loin du vélo lorsqu'il apprend, la veille du départ du Tour, qu'il est finalement autorisé à y participer.

«Au début du Tour, il n'était pas bien moralement, il avait la tête ailleurs», admet d'ailleurs son directeur sportif Wilfried Peeters. «Ses problèmes sont maintenant réglés, mais il a du mal à se remotiver, à se reconcentrer sur la course».

Boonen, qui continue de promener son beau maillot de champion de belgique et son sourire désarmant de gentillesse au milieu des supporteurs qui, chaque matin, continuent de lui demander des autographes et de l'encourager, ne cache pas qu'il n'avait guère envie de prendre le départ.

«Vous croyez que Tom Boonen fait ce qu'il veut?», dit-il. «Je n'avais pas le choix. Ce Tour, je devais le courir. C'était la décision - logique - de ceux qui me paient pour cela...»

Le résultat, pour autant, est très loin des espoirs de ses dirigeants.

Non seulement il est perturbé, mais ses équipiers de la Quick Step n'ont jamais réussi à l'emmener en bonne position pour affronter Cavendish au sprint. «Sans train, c'est difficile de sprinter. Mercredi, j'étais bien placé dans les derniers kilomètres mais j'ai été pris en sandwich et j'ai été contraint de stopper mon effort», constate Boonen, «c'est la différence entre sprinter dans le luxe comme le fait Cavendish et devoir subir, ce qui est mon cas».

Après l'étape de ce samedi, il ne restera à Boonen que peu d'occasions de redorer son blason terni. «Je promets qu'il faudra compter avec moi pour le sprint des Champs-Elysées», assure-t-il. A condition qu'il passe les Alpes.