Il y a un an, la première vague du virus A (H1N1) venait de frapper. Au Québec, 25 personnes étaient mortes. Des experts de partout dans le monde se réunissaient à Winnipeg pour faire le point. L'Agence de santé publique du Canada annonçait que toute la population aurait accès à un vaccin. On attendait la deuxième vague de la pandémie. Aujourd'hui, la pandémie est derrière nous, mais le virus continue de circuler. Il se comporte comme un virus de grippe saisonnière. En conséquence, il sera intégré dans le prochain vaccin.

Il faudra s'y faire: le virus A (H1N1) s'est installé parmi nous. À tel point que le vaccin saisonnier contre l'influenza offrira maintenant une double protection. En plus de contenir les souches classiques de type A et B, il contiendra une souche pour immuniser la population contre le virus A (H1N1). Au Québec, le vaccin sera disponible dès le 1er novembre. Et il ne sera pas nécessaire de faire la queue dans un centre de vaccination pour l'obtenir.

Autre nouveauté cette année, a appris La Presse, le ministère de la Santé, conformément à la recommandation du comité d'experts en immunisation de la province, offrira le vaccin gratuitement à deux nouveaux groupes jugés à risque : les personnes souffrant d'obésité morbide dont l'indice de masse corporelle (IMC) est de 40 et plus, et les femmes enceintes en bonne santé dont la grossesse en est au deuxième ou au troisième trimestre. Ailleurs au pays, plusieurs provinces ont décidé d'offrir gratuitement le vaccin à toute la population. Après analyse, le Québec a toutefois décidé de faire cavalier seul en estimant que les adultes en bonne santé ont un système immunitaire assez fort pour combattre le virus.

Pour la première fois, le vaccin saisonnier a par ailleurs fait l'objet d'essais cliniques pancanadiens avant d'être homologué, dit le Dr Marc Dionne, directeur scientifique (risques biologiques et santé au travail) à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Ces essais cliniques ont permis de prédire avec plus d'efficacité les effets secondaires du vaccin. On sait déjà que le principal désagrément sera de la douleur (50% des cas ou plus) au site de l'injection. Le vaccin pourrait aussi entraîner des maux de tête, une sensation de fatigue et des douleurs articulaires.

La douleur au bras devrait toutefois être moindre que l'an dernier puisque les doses, dont 75% seront fournies par le géant GlaxoSmithKline (GSK), ne contiendront pas d'adjuvant.

«À la mi-août, 350 personnes ont été vaccinées en une semaine, explique le Dr Dionne. Certaines ont reçu un placebo, d'autres le vaccin, et l'inverse deux semaines plus tard. On a fait des prises de sang quotidiennes afin de surveiller les effets secondaires. Ça faisait deux ans qu'on tentait ces essais cliniques, mais sans succès. On va maintenant le faire chaque année.»

Sous surveillance

À l'INSPQ, on surveille 24 heures sur 24 le comportement des virus de l'influenza, particulièrement le virus A (H1N1), mais aussi celui de la grippe aviaire (H5N1), un virus hautement pathogène qui circule en Asie. Personne n'a baissé la garde, affirme-t-on. Une pandémie serait plutôt étonnante dans un avenir rapproché, mais cela reste «scientifiquement et théoriquement possible», estime le Dr Michel Couillard, virologiste et directeur adjoint au laboratoire de l'INSPQ.

«Pour l'instant, on ne sait pas si le virus A (H1N1) subira une mutation qui rendra inefficace l'immunité acquise, explique-t-il. Le H5N1 aviaire circule encore en Asie. Est-ce que le nouveau virus H1N1 peut se recombiner avec le nouveau virus H5N1 pour donner un potentiel pandémique? Je dirais que c'est scientifiquement et théoriquement possible. On n'a toutefois jamais vu deux pandémies se suivre.»

Craintes d'une pandémie

À l'INSPQ, on s'attendait depuis au moins 10 ans à une pandémie. Et depuis l'épisode du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), en 2003, un plan d'urgence a été mis en place. Les experts se sont par exemple penchés sur la possibilité de fermer les écoles et sur le port obligatoire du masque, une mesure qui ne faisait pas l'unanimité. On a aussi mis en place des mesures sanitaires, comme les distributeurs de désinfectant pour les mains. Et on a prévu de limiter les visites à l'hôpital.

«Quand on a vu apparaître le virus H1N1, un nouveau virus, on craignait que la grippe soit sévère, se remémore le Dr Dionne. Pas autant que la grippe aviaire, mais on craignait un virus aussi sévère que la grippe espagnole de 1918, où une personne sur 10 mourait. Une personne sur 10, imaginez! On aurait eu 1,7 million de personnes touchées si tel avait été le cas. Une situation catastrophique.»

«On a été pris dans un tourbillon quand on a pris connaissance des premiers cas au Mexique, ajoute son collègue le Dr Couillard, qui était chargé de superviser les tests de dépistage en laboratoire au Québec. Il y avait de nombreuses surprises. On ne s'attendait pas à ce que la pandémie prenne naissance en Amérique du Nord et qu'elle soit un sous-type analogue du virus qui venait tout juste de circuler l'hiver précédent. On a donc fait des tests rapidement, mais ça prenait entre 24 et 48 heures avant d'avoir les résultats. On faisait donc des tests 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.»

Au plus fort de la première vague de la pandémie, entre mai et août, 7000 tests ont été réalisés sur des échantillons. Ensuite, il y a eu une accalmie, avec jusqu'à une dizaine de cas par semaine. Puis la deuxième vague a frappé début octobre. Chaque semaine, des milliers d'échantillons étaient testés. De ce nombre, près de la moitié se sont révélés positifs, affirme-t-on à l'INSPQ. Tout compte fait, entre 15 et 20% de la population aurait été immunisée naturellement en contractant le fameux virus.